Touria Gherbal, membre de la liste nationale du PJD durant les élections législatives dresse le bilan du scrutin et de l'entrée de 35 femmes députés au Parlement qu'elle considère comme une nouvelle donne qui bouleversera l'activité législative. ALM. Vous avez été candidate de la liste nationale du Parti de la Justice et du Développement aux élections législatives. Comment voyez-vous le résultat obtenu par votre parti ? Mme Touria Gherbal : Je peux vous assurer que le résultat ne m'a pas surpris. Car, durant toute la campagne électorale, je voyais à quel point les électeurs réagissaient favorablement à notre campagne et à notre programme. D'ailleurs, moi qui ai été dans une autre formation et participé à plusieurs campagnes électorales avant, je peux dire que je n'ai jamais vécu aussi intensément une campagne. Durant cette campagne, vous étiez l'unique candidate non-voilée du PJD. Comment est ce que les militantes et les électeurs réagissaient à votre candidature? Dans tous les meetings du parti auxquels j'ai assisté, nous n'avons constaté aucune réaction négative. Certes, il y certaines militantes qui étaient un peu choquées et qui en parlaient timidement entre elles, mais jamais il n'y a eu d'opposition à ma candidature. La preuve est que j'ai, à maintes reprises, pris la parole tout de suite après les frères Abdelilah Benkirane ou Raïssouni et l'audience accueillait mon intervention avec le même enthousiasme. J'ai accompagné le frère Benkirane dans la circonscription - que certains appellent Kandahar - et j'ai constaté combien est ce que le parti était apprécié et ma candidature bien reçue. Le PJD est accusé d'être contre l'épanouissement du rôle de la femme dans la société marocaine. Pouvez-vous nous expliquer la position de votre parti sur cette question ? Le PJD ne peut être contre l'épanouissement de la femme et de son rôle au sein de la société marocaine. D'ailleurs, notre parti a donné une grande impulsion à l'implication de la femme dans la vie politique. La preuve est le rôle joué par la femme dans le parti. Que ce soit au niveau des militants ou des instances de décision le parti compte une présence féminine très importante. Mais, votre parti est contre la réforme de la Moudawana dont certains articles sont considérés par les femmes comme un handicap pour leur émancipation et leur liberté… C'est étonné de dire que notre parti est contre la réforme du code de statut personnel. D'ailleurs, cette idée est très généralisée et l'on me fait toujours la remarque. Mais, il faut savoir que, dans notre parti, nous considérons que dans la Moudawana il y a des articles qui sont passibles d'amendement puisqu'ils ont été faits par l'Homme. Mais, les règles qui sont inspirées par des textes sacrés comme le Coran ou la sunna ne peuvent être changées puisqu'elles sont d'origine divine. La Chambre des représentants compte désormais 35 femmes députés. Quelle est la valeur ajoutée qu'apportera cette présence féminine ? D'abord, l'accès des femmes au Parlement ne fait que rétablir un équilibre logique et équitable au sein de l'Institution législative. Le Maroc est maintenant représenté par ses hommes et ses femmes ce qui reflète l'image réelle de la société marocaine. En ce qui concerne la valeur ajoutée, il est évident que les femmes qui ont été élues introduiront une nouvelle manière de faire. Il ne faut pas oublier que toutes les élues sont des militantes convaincues. C'est la différence avec certains élus : elles ne sont pas novices dans le monde de la politique. Seulement, il ne faut pas qu'elles limitent leur centre d'intérêt à la cause de la femme. Elles doivent savoir, qu'une fois élues, elles sont les représentantes de tous les Marocains hommes et femmes. Au sein du législatif, les élues du PJD seront accompagnées de leurs collègues féminines ayant d'autres tendances idéologiques. Comment voyez-vous cette "coexistence" ? L'avantage des femmes par rapport aux hommes et qu'elles arrivent plus vite au consensus. C'est un paramètre à tenir en compte. Je pense donc qu'ils arriveront à forger de nouvelles traditions dans l'activité parlementaire et lui rendront son véritable rayonnement. Croyez-vous qu'il est temps d'avoir une femme Premier ministre ? Pourquoi pas ? D'ailleurs, Dieu merci que ce choix soit entre les mains de SM le Roi.