Touria Gherbal est sixième de la liste nationale du Parti de la Justice et du Développement (PJD). Sa candidature a suscité une polémique qu'elle considère injustifiée. "J'ai été la première femme à entrer, sans porter le voile (Al Hijab), dans les locaux de l'association "Attawhid Wa Al Islah"(Unicité et réforme), affirme Touria Gherbal, la candidate numéro six de la liste nationale du Parti de la Justice et du Développement. Cette militante de l'unique parti islamiste du Maroc est passée au premier plan de l'actualité du PJD lorsqu'elle a fait son apparition dans un meeting du parti sans porter le voile. "Les médias en ont aussitôt fait toute une affaire, alors que mon appartenance au PJD ne date pas d'aujourd'hui et n'est pas un phénomène électoral", nous a-t-elle déclaré. Âgée de 44 ans, Touria Gherbal est chargée d'études auprès du Premier ministre et travaille au ministère des affaires générales du gouvernement. Elle a plus de 24 ans d'expérience politique. "J'ai milité pendant vingt et un ans au sein du Parti National Démocrate (PND) auprès de feu Arsalane El Jadidi…Je ne suis donc pas nouvelle dans le monde de la politique", affirme-t-elle. Son adhésion au PJD a été le résultat d'une année et demie d'activisme dans la société civile. "C'est à travers l'action sociale que j'ai fait la connaissance de maître Mustapha Ramid et du Docteur Saad Eddine El Othmani, qui m'ont permis de découvrir le vrai visage du Parti de la Justice et du Développement, que j'ai décidé de le rejoindre il y a presque une année", avoue-t-elle. Pour elle, le militantisme dans les rangs du PND, elle en garde de très bons souvenirs. Mais elle reconnaît qu'après deux décennies d'action politique dans ce parti, elle sentait que le cadre politique du PND ne lui permettait pas de s'épanouir politiquement. Elle avait donc besoin d'une plus grande marge de manœuvre. Et c'est au PJD qu'elle pense avoir trouvé cet espace d'action qu'elle cherchait. En ce qui concerne le fait qu'elle ne porte pas le voile, elle assure que cela n'a jamais été un obstacle à son adhésion ou à son évolution au sein du parti. "Certes, au début, il y avait des réticences de la part de certaines militantes du parti, mais elles ont fini par comprendre à faire la différence entre le cadre politique et le cadre religieux… D'ailleurs, elles ont toutes constaté que j'étais aussi croyante qu'elles", précise-t-elle. Les militantes du parti islamiste n'étaient pas les seules à réagir de la sorte. "Certaines militaires de la gauche s'étonnaient aussi en apprenant mon adhésion au PJD", dit-elle, avant d'ajouter : "quelques mois après mon adhésion au PJD, j'ai rencontré Badia Skalli, du Parti du Progrès et du Socialisme, et elle m'a tout de suite signifié qu'elle était très étonnée en apprenant la nouvelle". Sa longue expérience dans le militantisme politique et son engagement au sein du PJD lui ont permis de gagner la confiance des instances dirigeantes du parti. Ainsi, elle fut désignée parmi les trois femmes qui ont participé à l'élaboration du programme politique du parti. "Le rôle que je pourrais jouer au sein du PJD est celui de l'équilibre entre Addaawa (l'appel à l'Islam) et la politique", confie-t-elle. En ce qui concerne sa candidature aux élections législatives, elle refuse toute interprétation la considérant comme une stratégie électorale. "Ceux qui prétendent que ma candidature est une manœuvre électorale du PJD se trompent, car ils ignorent mon itinéraire politique dans les rangs de mon actuel parti, ainsi que mon CV politique", explique-t-elle.