Bien qu'une entreprise affiche des profits, un énorme écart peut être constaté entre sa rentabilité et sa trésorerie. Ce décalage menace, en effet, la pérennité de nombreuses sociétés marocaines. Les statistiques dévoilent, à fin 2015, 5.800 défaillances à ce niveau. Ce constat concerne principalement les sociétés personnes morales au moment où aucune donnée n'est révélée concernant les sociétés personnes physiques et qui sont beaucoup plus nombreuses dans le tissu entrepreneurial. Certes, la réalité statistique est loin d'être identique à celle du terrain, mais elle met le point sur l'une des problématiques cruciales du monde de l'entreprise, à savoir la gestion des impayés. «Pour certains, les 5.800 défaillances identifiées à fin 2015 peuvent être insignifiantes mais elles démontrent clairement l'ampleur de cette tendance qui est en constante évolution. C'est en cherchant le problème réel qui occasionne ces défaillances qu'on a atterri sur la problématique des délais de paiement», explique Amine Diouri, responsable des PME à l'observatoire Inforisk de l'entreprise. S'exprimant lors d'une conférence-débat organisée par la Chambre de commerce suisse au Maroc relative aux actions de pérennité de l'entreprise, M. Diouri a indiqué que le délai moyen de paiement constaté au niveau d'un échantillon de TPE serait de 9 mois contre les 90 jours régis par le texte juridique en vigueur. En effet, la loi relative aux délais de paiement a longtemps été contestée notamment, par le secteur privé, premier à être ciblé par ce dispositif. Parmi les questions les plus récurrentes lors du débat, tenu mercredi 6 avril à Casablanca, on relève : les dispositions fiscales face aux retards de paiement. Interrogé sur la question, Khalid Dribgi, chef de service de vérification de grandes entreprises à la direction des impôts, a indiqué que «le fisc ne fait que consacrer les principes juridiques de gestion. Il donne quand même un délai supérieur à ce qui a été discuté. Si le délai de paiement défini par la loi est d'un maximum de 90 jours, le texte fiscal l'élève, quant à lui, à 12 mois». Malgré l'allongement des délais, les retards de règlement sont de plus en plus longs mettant plusieurs entreprises en situation de cessation de paiement ou carrément en fin d'activité. «Au Maroc, les bilans sont plus au moins biaisés par la volonté maximale du management des sociétés de ne pas constater des provisions pour dépréciations. L'une des raisons évoquées à ce propos est la déductibilité ou non des créances clients», relève pour sa part Hicham Alaoui Bensaid, directeur des risques de l'information des sinistres à Euler Hermes Acmar. En énumérant les outils de prévention, l'assurance crédit se veut l'une des principales garanties contre les impayés. En adoptant cette mesure, l'entreprise serait en mesure d'anticiper les risques d'impayés et d'en optimiser le taux de récupération. Elle gagnerait ainsi en efficacité commerciale et préservera son équilibre financier.