Adopté l'année dernière, le nouvel organigramme de l'Institut national de recherches agronomiques n'arrive toujours pas à faire l'unanimité. Des chercheurs font entendre leurs voix. La réorganisation en cours de l'Institut national de recherches agronomiques (l'INRA) inquiète. Des chercheurs membres de la Commission nationale de coordination de l'INRA, critiquent le programme. Un organigramme «accouché dans la douleur». Pour Mohammed Bouksaim, vice-président et coordinateur national, avec ce programme, «plusieurs chercheurs sont mis à l'écart, marginalisés et sous-motivés face à une direction qui n'en fait qu'à sa tête». Le syndicaliste juge le programme de restructuration actuel hâtif et sans précédent. «Nous sommes tenus par le changement, poursuit-il, mais un changement positif, participatif résultant des réflexions mures et matures». Bref, les chercheurs reprochent au nouvel organigramme d'avoir détruit «les structures rigides que sont les départements scientifiques et de disperser le nombre restreint de chercheurs dans des unités de recherches (structures non permanentes), qui sont à leur tour subdivisées en projets individuels». Pour la direction de l'INRA, la nouvelle restructuration est une nécessité, une réponse aux attentes d'un environnement socio-économique qui exige de cette institution des solutions adaptées aux défis de l'agriculture nationale. Lors de sa dernière sortie dans le «Terroir», publication institutionnelle du ministère de l'Agriculture, Hamid Narjisse, directeur de l'INRA, avait été explicite : «Cette restructuration est l'aboutissement d'une réflexion qui a duré deux ans et qui a été menée d'abord en interne, puis avec nos différents partenaires. Les principes directeurs de cette restructuration découlent d'un diagnostic du mode de fonctionnement de l'INRA qui a révélé plusieurs dysfonctionnements». Détaillant son argumentation, M. Narjisse cite la création d'une division scientifique pour renforcer la planification stratégique. Les programmes de recherches, déclare-t-il, sont désormais mis en œuvre dans le cadre d'unités réparties sur l'ensemble du territoire national. En tout cas, d'un côté comme de l'autre, au sein de la direction comme chez les syndicats, l'on fait état d'une situation pléthorique qui appelle à une indispensable réorganisation. Le docteur Saâdia Lahloui du CRRA de Settat, cité par la même publication, abonde dans ce sens, déclarant qu'entre autres, les entraves de la recherche agronomique sont liées à une « inadéquation flagrante entre les ressources financières nécessaires et celles réellement allouées, ainsi que les procédures de gestion et de contrôle financier non adaptées à la nature d'un établissement de recherche ». D'où l'organigramme adopté le 14 avril 2003. Organigramme qui, malgré sa justesse, a encore du chemin à faire jusqu'à l'unanimité. Cette organisation, déclare un chercheur qui requiert l'anonymat, peut se résumer à une simple «tentative de régionalisation». Le nouveau schéma se veut souple avec la création d'une division scientifique au sein de la Direction générale et des unités de recherches au niveau des Centres régionaux. La régionalisation permet ainsi, renchérissent ses supporters, d'encourager et de former des équipes de recherche multidisciplinaires capables de subvenir aux besoins de la région en matière de recherche agricole». Au-delà de la régionalisation, l'INRA envisage, avec cette réforme, de se recentrer principalement sur la recherche, sa raison d'être. L'Institut compte donc se décharger de toutes les activités ne relevant pas de sa mission. De quoi jeter quelques inquiétudes chez certains secteurs qui critiquent la réorganisation en cours, non pas au niveau du fond, mais surtout au niveau de la forme. Simple problème d'approche, mais qu'il convient peut-être de revoir.