Lundi, Khartoum a décrété la mobilisation générale après la prise par les rebelles du sud de plusieurs villes. Des combats qui ont entraîné la rupture des négociations de paix actuellement menées au Kenya. Il y a à peine un mois, le gouvernement soudanais avait signé un protocole d'accord historique avec la rebellion du sud. Après 19 années de conflit et près de deux millions de victimes, Karthoum et l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) avaient enfin décidé d'enclencher un processus de paix et de réconciliation. Le 20 juillet, il avait été décidé que le sud bénéficierait pour une période de six ans du statut d'autonomie. Au terme de cette transition test, la population de la région devait être consultée par voie de référendum sur sa volonté de rester - ou non - sous le giron de Karthoum. Compromis largement salué sur la scène internationale et suivi, depuis le 12 août, de nouveaux pourparlers entre les deux parties dans le nord du Kenya, à Machakos. Ces discussions, qualifiées de «cruciales», portent sur le cessez-le-feu en lui-même mais aussi sur la répartition du pouvoir et des richesses dans les six années à venir. Ce lundi, le gouvernement soudanais a pourtant décidé de suspendre «sine die» les négociations. «La délégation soudanaise aux discussions du Kenya va suspendre les pourparlers à partir d'aujourd'hui en raison du climat né des opérations militaires et de l'occupation de la ville de Torit» par la SPLA, a déclaré le ministre soudanais des affaires étrangères depuis Le Caire, en marge d'une réunion de la Ligue arabe. «Lorsque nous serons convaincus que le mouvement rebelle est sérieux dans son intention de poursuivre sur le chemin de la paix et d'aboutir à un règlement de paix, alors la situation changera», a ajouté Mustafa Osman Ismaïl. Ce même jour, les événements ont aussi pris une tournure plus dramatique sur le terrain lorsque le gouvernement a décrété la mobilisation générale de l'armée. Cette dernière, «par la mobilisation de toutes ses troupes, va intensifier la guerre dans toutes les zones de combats», a ainsi déclaré lundi le général Souleïmane. «Nos forces combattront jusqu'à la récupération de la ville de Torit», a-t-il ajouté. Cette dernière est en effet l'une des deux plus grandes villes de l'Etat de l'Equatoria oriental, l'autre étant Kapoeta, déjà reprise début juin aux forces régulières. «La mobilisation générale, c'est leur affaire, nous ne sommes pas concernés mais nous riposterons, en particulier s'ils essaient de reprendre Torit», a aussitôt répondu le porte-parole de la SPLA, Samson Kwaje. Il a aussi assuré que, depuis la prise de la ville, les forces gouvernementales «bombardaient très intensivement» sans pouvoir donner de bilan sur les pertes humaines. Selon le porte-parole de la rébellion, la SPLA a également pris lundi matin aux forces gouvernementales la petite ville de Liria, à 50 km à l'ouest de Torit. «Torit est désormais totalement sous notre contrôle», a-t-il annoncé tandis que Karthoum assurait avoir «perdu une bataille mais pas la guerre». Lundi matin, l'armée a en effet dû se retirer de la localité «après deux jours de bombardements rebelles qui ont pris la population civile pour cible», selon un communiqué militaire. Vendredi déjà, Khartoum avait accusé les rebelles de violer l'esprit des récents pourparlers de paix en bombardant les villes de Torit et de Labolia. Pourquoi ces affrontements alors que le pays est engagé dans un long processus de paix ? L'accord signé le 20 juillet dernier n'avait pas prévu de cessez-le-feu pour cette province de l'Equatoria oriental, mais l'armée s'était engagée à y limiter les mouvements de troupes et de matériel.