Le drame dont la Tunisie a été le théâtre, au début de ce mois d'octobre, suite au naufrage d'une embarcation transportant quelque 75 clandestins dont la majorité étaient des Marocains, est une tragédie qui vient se rajouter à une liste interminable de mésaventures qui ne laissent derrière elles que de la souffrance et du chagrin. Le drame dont la Tunisie a été le théâtre, au début de ce mois d'octobre, suite au naufrage d'une embarcation transportant quelque 75 clandestins dont la majorité étaient des Marocains, est une tragédie qui vient se rajouter à une liste interminable de mésaventures qui ne laissent derrière elles que de la souffrance et du chagrin. Les images qui nous parviennent de Tunis où l'on voit les tombes où les victimes ont été enterrées rappellent ce qui s'est passé, il y a quelques mois, à Cadiz en Espagne. Au large de cette vile espagnole, une trentaine de Marocains avaient été victimes du naufrage de la patera qui devait les emmener vers les côtes espagnoles. Ces derniers ont pour la plupart été enterrés en Espagne, faute de moyens pour rapatrier leurs corps. Toutefois, malgré le risque, rien ne semble pouvoir arrêter ceux qui rêvent de gagner les côtes européennes. Peu importe le danger encouru. Pour ces candidats à l'immigration clandestine, c'est le "quitte ou double". Pour eux, arriver en terre d'Europe vaut le risque de mourir en route. Car, disent-ils, ici, il n'y a plus rien à faire. Une attitude fataliste qui est en train de prendre une dimension très grave. Ainsi, si, il y a quelques années, ceux qui cherchaient à traverser le détroit de Gibraltar étaient des jeunes en âge de travail et ayant le plus souvent des proches installés en Europe, aujourd'hui, ce profil a énormément changé. Les clandestins interceptés par les services de sécurité marocains ou espagnols sont pour la plupart des jeunes dont l'âge se situe entre 14 et 20 ans. La majorité de ces clandestins n'ont aucun familier en Europe. Pourtant, il rêvent de gagner le continent européen, s'y installer, trouver un emploi, régulariser leur situation et rentrer "triomphalement" au Maroc, quelques mois plus tard. C'est ainsi que le candidat à l'immigration clandestine dessine son rêve et trace les étapes de sa vie de l'après-hrig. C'est cette illusion qui lui fait oublier tous les dangers et tous les risques et l'encourage à s'embarquer dans une aventure aussi dangereuse que la traversée du détroit. Une illusion dont profitent les mafias de l'immigration clandestine pour attirer dans leurs filets des milliers de jeunes chaque année. Aussi, la lutte contre le phénomène de l'immigration clandestine ne devrait pas être uniquement orientée vers les réseaux mafieux qui opèrent dans cette filiale du crime organisé. Car, l'approche sécuritaire est certes nécessaire, mais elle n'est pas suffisante. La sensibilisation s'impose. Pour ce faire, il est nécessaire d'organiser des campagnes médiatiques pour expliquer tous les dangers de la traversée, sans hésiter à utiliser les images des naufragés. Enfin, et parallèlement à cela, un travail de fonds est nécessaire pour promouvoir l'action de la société civile qui œuvre dans le domaine de la sensibilisation des jeunes quant aux dangers du "Hrig".