A l'occasion du premier Conseil d'Administration de l'Agence du sud, son directeur général, Ahmed Hajji, évoque les principaux axes du programme d'action de l'Agence pour 2004-2008. Au total, 7,2 milliards de DH seront injectés au Sahara. ALM : Quelle est la nature des projets relatifs au programme de développement des provinces du Sud du Royaume? Ahmed Hajji : Le programme de développement des provinces du Sud s'articule autour de sept axes majeurs : habitat et développement urbain, villages de pêche, pêche artisanale et côtière, eau et environnement, routes et infrastructures, fonds de proximité, tourisme et artisanat, agriculture et élevage. Ces projets visent, pour l'essentiel, l'éradication de l'habitat insalubre dans les provinces du Sud à l'horizon 2009, la réalisation de 7 villages de pêche sur le littoral, l'assainissement liquide des villes du Sud, la poursuite des efforts des pouvoirs publics en matière d'infrastructures (routes, port, électrification). Cette dynamique va générer un impact important sur le marché de l'emploi. Qu'en est-il des projets relatifs aux zones franches prévus pour Laâyoune et Dakhla? Pour le moment, il s'agit des études de programmation et de développement de ces zones. Ces études ont vocation à clarifier la faisabilité de ces projets avant de les soumettre aux pouvoirs publics. Elles seront réalisées en 2005 sur la base d'un partenariat que nous avons conclu avec les collectivités et structures locales concernées, le ministère de l'Industrie et d'autres partenaires comme l'ONP. Il y a lieu de noter qu'il s'agit là de zones franches d'exportation et non d'importation et qu'elles doivent être conçues par rapport à l'ensemble régional dans lequel s'intègrent les provinces du Sud. Dakhla et Laâyoune pourront devenir des plates-formes de délocalisation, donc de création d'emplois, pour la cible des industriels nationaux et étrangers qui bénéficieraient des conditions fiscales et douanières des plus intéressantes mais aussi de proximité géographique du marché de l'Afrique subsaharienne et de l'ensemble de la ”Macaronésie” qui regroupe : les Îles Canaries, le Cap Vert, Madère et Assors Dans le programme de développement des provinces du Sud du Royaume qui vient d'être approuvé, comment avez-vous décliné la notion de proximité ? Conformément aux hautes directives royales, la notion de proximité a été érigée en priorité dans la nouvelle approche de gouvernance. Cette nouvelle culture qui met en exergue l'écoute et la concertation avec les différentes forces vives économiques, sociales et culturelles locales, s'inscrit dans le cadre du nouveau concept de l'autorité qui permet une écoute interactive avec le citoyen et donc une meilleure appréhension des besoins à l'échelle locale. Sur le terrain, nous avons décliné cette notion de proximité au niveau de l'identification des projets. C'est ainsi que plusieurs séminaires et ateliers ont été tenus sur place par l'équipe de l'Agence sur des thématiques particulières (pêche artisanale, éradication de l'habitat insalubre), ainsi que pour l'analyse des propositions émanant des provinces. Par ailleurs, l'Agence a gardé, depuis sa création, ses portes ouvertes aux élus et aux populations dans les provinces. Nous restons à leur écoute et nous avons même prévu d'affecter une partie des ressources financières, à l'accompagnement des initiatives socio-économiques locales. Il s'agit là d'un fonds de proximité destiné à soutenir les projets à forte valeur ajoutée et à fort impact, notamment en matière de création d'emplois et dans lesquels les partenaires locaux de la société civile et les collectivités seront fortement impliqués en termes financiers et engagement. Des séminaires sont prévus dans les prochaines semaines pour expliquer les mécanismes opérationnels de ce fonds aux différentes cibles locales dans les trois régions qui relèvent du ressort territorial de l'Agence. Quels sont les projets développés dans le cadre de l'enseignement? Derrière la volonté de faire des provinces du Sud un modèle de développement régional intégré, les infrastructures et équipements de base (routes port, habitats, électrification) tiennent une large place qu'il faut conforter par la valorisation des ressources humaines. Celles-ci sont une condition déterminante du développement, d'où l'intérêt particulier que nous accordons à l'enseignement et à l'éducation. Dans ce cadre, l'Agence accompagne deux projets: le premier lycée technique de Laâyoune et un Centre de formation professionnelle à Guelmim. Le choix de ces projets n'est pas fortuit car il s'agit de rattraper un retard en termes de formation technique et professionnelle de manière à mieux répondre aux besoins du marché de l'emploi. Pour le lycée technique, la convention de mise en œuvre de ce projet a été signée par les partenaires (ministère de l'Education nationale, Académie régionale, Conseil régional, Agence du Sud) Le coût de ce projet est de 14 MDH financé par l'académie à hauteur de 7 MDH, l'agence à hauteur de 5 MDH , et le Conseil régional à hauteur de 2 MDH. Grâce à ce projet, nous aurons des promotions de techniciens en mécanique, en électricité et en électronique. Qu'en est-il de la contribution financière et le rôle des collectivités locales dans les programmes lancés en partenariat? Les collectivités locales sont un acteur majeur dans le programme et leur poids va au-delà de leurs contributions financières, en termes de choix de projets, de prérogatives locales et de relais avec les populations. Leur contribution s'élève à 393 millions de dirhams, ce qui, eu égard à leur capacité financière, traduit un effort considérable pour accompagner le programme de développement des provinces du Sud. En tout état de cause, même pour les projets dans lesquels les collectivités ne sont pas des partenaires financiers, leur apport est important pour faire adhérer les populations bénéficiaires, pour la mise en œuvre et le suivi des projets. Pour l'Agence, ce sont des partenaires incontournables et dont dépend en grande partie la réussite du programme.