Dans sa dernière édition, le mensuel Economia, publication du groupe Jeune Afrique, passe au crible 200 banques africaines. Les Marocaines, classées relativement bien, n'échappent pourtant pas à la critique pour des raisons tant intrinsèques qu'extrinsèques. «Au Maroc, qui s'enorgueillit pourtant de disposer de banques privées de premier rang, l'Etat continue de contrôler plus de 35% du secteur», fait remarquer la revue Economia dans un article intitulé «l'Etat toujours et encore». Le tableau qu'elle brosse du système bancaire marocain et de son environnement tend vers l'assombrissement. Faible taux de bancarisation estimé à 16%, faible participation au financement de l'activité économique, cherté des taux d'intérêt, sur-liquidité caractérisée, aggravée par la réduction des besoins du financement du Trésor marocain, une crise boursière ininterrompue depuis 1998 en sont ses éléments de jugement. «Le système bancaire qui compte 15 banques privées et 4 publiques apparaît démesuré par rapport aux besoins du marché et des réalités d'un pays dont le revenu par habitant n'excède pas les 1.200 dollars par an », peut-on lire dans ses colonnes. Dans son classement annuel où elle a mis sous la loupe les performances de 200 banques africaines pour l'année en cours, certaines banques marocaines s'en tirent par ailleurs relativement bien. A leur tête, la Banque Centrale Populaire classée 13ème parmi l'ensemble des institutions bancaires africaines avec un total bilan ( le critère de classement pris en compte) de l'ordre de 7 milliards de dollars en variation de 3% par rapport à l'exercice précédent. La BMCE Bank occupe quant à elle le 17ème rang avec un total du bilan avoisinant les 4,6 milliards de dollars en croissance de 5% comparativement à l'exercice antérieur. La BCM vient en 19ème position et totalise un bilan de 4,44 milliards de dollars chiffre supérieur de 10% au chiffre réalisé en 2001. La 24ème du classement, Wafabank en l'occurrence, fait quant à elle partie des banques qui ont vu leur total bilan chuter en 2002. Passant à 3,2 milliards de dollars contre 3,48 un an auparavant. Cela explique en effet que sa position soit dégradée. Dans l'ensemble et pour la deuxième année consécutive, c'est la Banque Marocaine du Commerce et de l'Industrie (BMCI) qui s'en tire le mieux avec une croissance de 26% de son total bilan, la plus forte hausse enregistrée comparée à ses compatriotes, frôlant ainsi le cap de 2,5 milliards de dollars. Selon l'auteur du classement, « ses performances au titre de l'an 2002 sont attribuées essentiellement à l'opération stratégiques de fusion-absorption réussie avec ABN-Amro». Et de poursuivre : «Elle se rapproche un peu plus du groupe Wafabank même si sa rentabilité demeure réduite». Dans son raisonnement, cette publication du groupe Jeune Afrique compare la banque dirigée par Abdelahak Bennani à deux autres institutions bancaires de la place, en l'occurrence la BCP, dont le projet de privatisation tarde à voir le jour, et la BCM, dont le PNB (Produit Net Bancaire) a connu une hausse de 10 %, les seules à échapper au fardeau des créances compromises, pesant lourd sur les autres banques marocaines. Le palmarès montre en outre que même avec un total du bilan en augmentation de 4% à 2,15 milliards de dollars, la SGMB a campé sur sa position, 36ème suivie un peu plus loin du Crédit du Maroc, grimpant conjointement de 4% et de deux échelle dans le classement général. La BNDE est quant à elle cataloguée 29ème, laissant bien derrière elle Arab Bank, 139ème du classement. Beaucoup de chemin lui reste à faire.