A Mohammédia, il semble que l'USFP soit déterminé à perdre les élections législatives. Le choix de ses candidats confirme que son appareil organisationnel est déconnecté de la population. Voilà une ville qui dispose de tous les atouts sociologiques pour favoriser électoralement les partis politiques démocratiques et progressistes. Avec plus de deux cent mille habitants, Mohammédia constitue l'une des villes les plus riches du royaume, eu égard à ses potentialités industrielles et sa position stratégique entre les deux capitales Casablanca et Rabat. Pourtant, de l'avis de plusieurs acteurs socio-économiques et politiques et d'observateurs, c'est une ville qui est mal gérée sur le plan communal. Ses deux députés de l'Istiqlal savent à peine lire et écrire et son conseil municipal a brillé ces dernières années par son absence pathologique. A la veille des élections législatives, les deux formations partisanes qui se la disputent historiquement parlant présentent des profils de candidats qui ne répondent assurément plus à ses attentes. Pour le parti de l'Istiqlal , c'est du déjà vu. Moulay Arabi Zerouali, candidat en tête de liste aux élections, est aux commandes de la ville depuis 1976, date durant laquelle il fut conduit au Conseil municipal. Après son échec aux élections de juin 1983, il revient en force dès 1992, en tant que maire et député. Mais cette fois, épaulé d'un jeune apprenti, fils de notable. Dans son camp adverse, l'USFP, en perte de vitesse, ne cesse d'accumuler les erreurs. Alors que les élections de juin 1983 lui ont donné une victoire incontestée, puisqu'il a remporté 22 sièges parmi les 31 de la ville, dont la quasi-totalité des circonscriptions de la ville haute ( El Alia). Ne laissant pour l'Istiqlal que la périphérie. Et alors qu'il fut reconduit avec le même élan, durant les échéances de 1992-1993, cinq années plus tard, il perd son aura en obtenant 11 sièges, soit 9470 voix, contre 19 sièges pour l'Istiqlal lequel a bénéficié de 12534 voix . Une chute qui s'explique par les faits suivants : Après 14 ans de gestion communale, le parti dit des forces populaires a perdu son âme et ses réflexes de combativité. Son siège où devraient se tenir les débats et se rencontraient les militants fut déserté. Ses fer de lance, l'aile syndicale et la jeunesse, marginalisés ou délaissés sans aucune stratégie et les séductions du «pouvoir» ont fait leurs effets. A ces maux s'ajoutent les tiraillements internes, le boycott à peine voilée des syndicalistes proches de Noubir Amaoui, siégeant au Secrétariat du parti et au Bureau du Conseil municipal. Au lieu de redresser la situation, le président qui a conduit le mandat durant la période allant de 1992 à 1997 a mis au point un système à l'image de la centrale syndicale dans laquelle il occupait le poste de membre du bureau exécutif. Le népotisme et le sectarisme, ajoutés à l'incompétence visible et criarde ainsi que les guerres de clans ont transformée l'action partisane en organisation qui ressemble à des structures mafieuses qu'à des appareils de mobilisation qui rassemble des camarades munis des mêmes valeurs et objectifs. En 1997, la chute fut inéluctable, puisque les soldats dispersés et désespérés. Or, cinq années plus tard, ce même président, qui n'a pu bénéficier du soutien d'une simple circonscription communale, trouve l'audace de squatter une position en tête de liste des candidats aux élections législatives, alors qu'il devrait normalement être sanctionné. Tel est le résultat d'un choix qui émane d'une poignée de personnes déconnectées de la réalité mais qui jouit de la bénédiction de la direction de son parti, l'USFP.