Les prochaines élections seront dures pour les petites formations et engagent, dès maintenant, tous les partis à assumer leur responsabilité dans l'assainissement du champ politique. Le 6 juillet prochain, soit dans un mois, les inscriptions aux listes électorales seront définitivement closes. Après le 27 septembre 2002, le Maroc connaîtra, sans nul doute, une configuration politique qui sera différente de celles qui l'ont précédé, du moins sur le plan des profils sociologiques des représentants de la Nation. Ces élections générales, qui sont les premières à être tenues sous le nouveau règne, marqueront pour une longue période le champ politique marocain. D'abord, elles seront organisées sur la base d'un mode de scrutin de liste qui rompt avec le mode uninominal, qui a été à l'origine de l'appui et de la reconduction des anciens notables liés aux autorités publiques sur le plan local et central. Il ne suffit, apparemment, plus d'avoir la sympathie et l'approbation des habitants du quartier pour pouvoir accéder à l'enceinte législative. Désormais, chaque candidat doit affronter une série de barrières et d'épreuves. Il y a en premier lieu l'aval et le consentement des instances dirigeantes des groupes politiques. Une mesure qui sera partagée entre deux dimensions : une à connotation locale et une autre d'ordre national. Or, pour plusieurs partis, le choix, à cet effet, demeure difficile à réaliser. Pour les grandes formations politiques, à titre d'exemple, l'Union socialiste des forces populaire (USFP), la présence pléthorique des cadres à Rabat pourrait susciter des réactions de la part des personnes qui seront écartées des listes des candidatures dans cette ville. La solution de rechange qui consiste à les présenter dans d'autres circonscriptions pourrait, à son tour, se heurter, à la réticence des «notables locaux» de cette organisation ou tout simplement aux militants de la base. Le même problème pourrait se manifester dans la capitale, en ce qui concerne d'autres partis, comme l'Istiqlal ou le Rassemblement national des indépendants. Cependant, il est d'une importance capitale de souligner le rôle essentiel des états -majors des partis dans le choix de leurs candidats. Il va sans dire, à cet effet, que chaque formation, se doit, pour réussir sa campagne électorale, présenter un candidat politique largement connu dans son inscription, sinon la bataille de tout son parti serait vaine. La neutralité «positive» des autorités sera, également, déterminante dans la mise en place d'un Parlement sain dans lequel siègent des députés libres et intègres. L'application stricte et ferme de la loi, à ce niveau, est à même de constituer un bouclier qui protégerait la démocratie des convoitises des mafias des élections. Assurément, au vu des engagements annoncés et des modalités de fonctionnement des différents appareils et mécanismes électoraux, la falsification du verdict des urnes serait difficile et la corruption des électeurs aurait du mal à aboutir. Vu le nombre important d'électeurs dans les circonscriptions (environ 1 candidat pour 100.000 habitants en moyenne). Mais, toujours est-il que la responsabilité des acteurs politiques est manifeste. Plus personne ne pourra se cacher derrière l'alibi de l'intervention des appareils administratifs. Un fait qui explique, en grande partie, la réticence de certains partis frileux qui ne croient pas totalement à leur capacité d'encadrer les masses et de les inciter à voter en leur faveur. A cette barrière qu'impose le mode de scrutin s'ajoute l'obstacle du seuil de représentativité fixé à pas moins de 3% des voix acquises aux élections. Deux mesures qui condamnent les petites entités politiques à disparaître au moins momentanément en attendant des jours meilleurs.