A quelques semaines des élections législatives, outre la concurrence politique, la sphère partisane se présente de proche en proche sous le signe de l'éclatement et du malaise. Priorité aux ministres et aux chefs. Telle semble la devise en vigueur au niveau des partis. Plus de sept ministres se proclament déjà en tête de liste des candidats de leur formation politique. Dans les rangs de l'USFP, l'on signale, en premier lieu, la volonté de Mohamed Elyazghi et Mohamed Achraâi de représenter leur parti, alors que du côté de l'Istiqlal, les noms de Abbas El Fassi et Mohamed Aouad sont donnés favoris . Ismaïl Alaoui, du PPS, participe également à la fête. Grosso modo, le casse-tête des têtes de listes électorales n'a fait que commencer et pourtant, des mouvements de contestation se font de plus en plus écho au sein des formations partisanes. Toutes tendances confondues. Déjà en amont de ces échéances, l'on est confronté au nomadisme. Le ministre Chbaâtou est candidat de l'USFP à Midelt, alors qu'il avait fait sa traversée politique sous le signe du Mouvement national populaire. Mais la raison de certains dirigeants influents qui furent, au début des années quatre-vingt du siècle dernier, derrière le parrainage d'un autre berbérophone, venu de la CGT, en l'occurrence Akka El Ghazi, l'a emporté sur la raison idéologique. Cet homme qui allait devenir représentant de la Communauté marocaine à l'étranger au Parlement, avant de rejoindre les sphères «populaires» et finir à la tête d'un syndicat en mal de représentativité. L'histoire se répète-t-elle encore aujourd'hui? Ceci étant, il n'en demeure pas moins que des fois, le malaise est dû à une opération de parachutage de certains cadres non acceptés par les membres des bureaux locaux. Le cas le plus significatif et le plus spectaculaire, dans ce cadre, concerne le secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, Abbas El Fassi, qui doit se présenter à Larache. Une décision qui a soulevé, selon des sources fiables, de vives réactions au sein de la direction locale de ce parti et entraîné la démission d'un membre du Comité central de cette formation. Le même scénario est probablement similaire, mais avec beaucoup moins de tension, pour Khalid Alioua, directeur du journal «Al Ittihad Al Ichtiraki» et membre du Bureau politique de l'USFP, qui sera confronté à une partie de la population casablancaise, notamment à la circonscription d'Anfa. Dans d'autres circonstances, ce sont les choix des personnes placées aux sommets des listes des candidatures qui irritent les sympathisants et membres des partis. Le cas de l'USFP à Mohammédia sera probablement fatal pour le succès de cette formation au niveau des législatives du 27 septembre prochain. Dans ce cas, il s'agit d'Abderrahman Azzouzi, une personne qui n'avait pratiquement pas de liens avec les habitants de la ville, au début des années quatre-vingt-dix, hormis son statut de membre du Bureau exécutif de la CDT, une «responsabilité» qui lui permettait d'avoir une sorte d'assise crédible au sein du parti. Mais son installation à la tête de la Commune de Mohammédia et son échec patent au niveau de la gestion des affaires municipales ont incité la population de cette ville à le rejeter lors des dernières élections communales. Son retour par la grande porte électorale, en vue d'être aux «commandes de la ville», ne sera sans doute pas facile. En le plaçant en tête de liste, le parti d'Abderrahman Youssoufi risque de perdre un siège, déjà difficile à acquérir en raison de la concurrence du Congrès national ittihadi, du Parti de l'Istiqlal et des autres formations politiques. En bref, la bataille électorale s'avère de plus en plus rude et la tension est de mise.