Hay Moulay Rachid à Casablanca. Un quartier populaire et populeux où sévit la délinquance des jeunes, sous toutes ses formes. Les actes de délinquance, à Hay Moulay Rachid à Casablanca, se multiplient. Un phénomène social qui prend de plus en plus d'ampleur et que les chiffres, mêmes lorsqu'ils portent le label de « statistiques officielles », ne montrent pas. Le nombre d'incivilités, de délits et actes graves commis par les enfants dans ce quartier populaire et populeux de la capitale économique du pays interpelle à plus d'un titre. Ils ont douze, quinze ans, et parfois moins, et se sont déjà rendus coupables d'un ou plusieurs délits plus ou moins graves. Appauvris, issus des familles défavorisées et généralement nombreuses, plus souvent aux prises de la précarité, ces jeunes ont recours à des actes délictueux pour se procurer ce qui leur manque ou, dans certains cas, se «venger» d'une société qui leur laisse si peu de place. En plus, l'augmentation du nombre des biens «disponibles» est aussi un facteur déterminant dans ce sens. Ainsi, le nombre de véhicules garés en pleine rue, la multiplication des objets de convoitise, téléphones portables, radio-auto, baladeurs, vêtements griffés, constituent autant de tentations supplémentaires pour ces jeunes dénués et contribuent à gonfler les chiffres de la délinquance ordinaire dans la région. Dans les parages de Hmara, Hay Sadri ou du côté de la zone industrielle par exemple, on imagine le jeune qui n'a pas de quoi acquérir une seule cigarette au détail circulant entre des voitures, stationnées dans les parkings ou au long de la route, où des objets de valeurs attirent s on attention. La tentation est vraiment très forte. D'autres facteurs semblent toutefois entrer en ligne de compte. Les difficultés liées à la scolarité semblent prépondérantes. Ces jeunes, confrontés à l'échec scolaire ou au manque de perspectives d'avenir, sont des proies faciles pour la délinquance. Un cas survenu vendredi dernier explique cet état de choses. M'hamed, 36 ans, enseignant, vient d'être muté à Casablanca. Après son arrivée, il est allé chercher un loyer plus proche de sa nouvelle école. Dans le quartier Hay Sadri, il a laissé sa voiture à deux mètres d'une agence immobilière. A la sortie, la surprise fut grande : son cartable, qui ne contient que quelques documents, n'est plus dans sa bagnole. Que faire? « Ne plus revenir à ce quartier, quitte à faire la navette pour rejoindre mon travail », a-t-il déploré. Il faut dire que la perte de l'estime de soi et la mauvaise insertion au sein de l'école font augmenter le niveau de frustration et ouvrent la voie à bien des dérives. La perte des repères familiaux contribue également à précipiter la jeunesse dans l'illégalité, au sens large du terme. L'instabilité du couple, la famille monoparentale, le manque de suivi scolaire et l'absence de transmission des valeurs contribuent à déstabiliser les enfants qui sont alors tentés de se forger leur système propre, rarement conforme aux lois et aux coutumes de la société.