Selon un plan israélo-palestinien, les troupes israéliennes s'apprêtaient lundi à se retirer, par étapes, des secteurs palestiniens autonomes réoccupés, en commençant par Ghaza et Beit Lahm. Mais le mouvement Hamas a aussitôt rejeté ce plan, en y voyant une tentative de «mettre fin à l'Intifada». Les modalités d'application du plan dit « Ghaza d'abord » ont été conclues dimanche soir par Binyamin Ben Eliezer, le ministre israélien de la Défense, et Abdelrazak Al-Yahya, le ministre palestinien de l'Intérieur. Conçu par Binyamin Ben Eliezer, le plan prévoit que les Palestiniens se voient confier la tâche de préserver le calme dans les secteurs évacués et d'empêcher que ceux-ci servent de base arrière à des attaques contre Israël. Pour Ben Eliezer, chef du Parti Travailliste, « il s'agit d'une occasion réelle offerte aux Palestiniens pour cesser la violence et la terreur et s'engager sur un nouveau chemin ». Un communiqué du ministère israélien de la Défense indique que « les deux parties (l'Autorité palestinienne et Israël) sont convenues de commencer la mise en oeuvre de ce plan lundi par les villes de Ghaza et Beit Lahm, où les Palestiniens prendront en charge la sécurité pour réduire la violence et les opérations terroristes ». L'ampleur de ces retraits n'ont pas été précisés. « Israël fera de son côté tout son possible pour alléger les conditions de vie de la population, en particulier à ce stade dans les domaines civils et humanitaires », a ajouté ce texte. Citant une source sécuritaire israélienne, la radio publique israélienne a précisé que l'armée se retirera dès lundi soir d'une partie importante de Beit Lahm. Les Palestiniens ont de leur côté indiqué dimanche soir que le plan serait appliqué dans les prochaines 48 heures. Sur place, aucun dispositif particulier n'avait toutefois été pris en ce sens lundi matin. Ce plan pourrait ainsi, après une réduction des violences, se traduire par un repli progressif des troupes israéliennes sur leurs positions d'avant le début de l'Intifada, fin septembre 2000. Mais cet accord est relativisé par Reuven Rivlin, le ministre israélien des Télécommunications, qui a affirmé à la radio que l'armée « ne va pas quitter les territoires (palestiniens) et continuera de lutter contre le terrorisme ». Ce ministre membre du Likoud, le parti de droite du Premier ministre Ariel Sharon, a ajouté que « l'Autorité palestinienne devra faire la preuve qu'elle lutte contre le terrorisme. Il n'est pas question que l'effusion de sang juif continue». Par ailleurs, le chef de la diplomatie israélienne Shimon Peres a affiché un optimisme prudent quant à une éventuelle réactivation du processus de paix au Proche-Orient après la décision d'Israël de se retirer de la bande de Ghaza et de Beit Lahm. Pour lui, la balle est désormais dans le camp des Palestiniens. « Le but est maintenant d'avancer dans trois grands domaines », a-t-il dit, mentionnant « un cessez-le-feu, puis une amélioration des conditions économiques et une aide à la réforme du gouvernement palestinien ». « Ensuite, commencer de vraies négociations au sujet d'une solution permanente... par laquelle nous aboutirons à deux Etats, un Etat palestinien et un Etat israélien, coexistant pacifiquement». Ce plan se heurte d'autre part aux mouvements radicaux palestiniens. Selon Ismaïl Haniya, l'un des responsables du Hamas à Ghaza, «le Hamas et le peuple palestinien rejettent tout accord destiné à brider la résistance et qui ne prévoit pas la fin de l'occupation». Et d'estimer que l'accord avait pour objectif de «mettre fin à l'Intifada, de consacrer l'occupation et d'offrir la sécurité à l'ennemi sioniste». Même son de cloche chez le Jihad islamique, dont un responsable, Khaled El-Batch, a annoncé lundi que son groupe multiplierait les attentats contre Israël «pour faire échouer ce plan qui consacrera l'occupation de notre terre par Israël».