La découverte d'un mécanisme appelé «interférence de l'ARN» pourrait déboucher sur de nouveaux traitements contre des maladies virales comme le sida et certains cancers. La biologie entre dans une nouvelle ère avec la découverte d'un mécanisme appelé «interférence de l'ARN» permettant de mettre en sommeil des gènes précis, notamment pathogènes. Cette avancée pourrait déboucher sur de nouveaux traitements contre des maladies virales comme le sida et certains cancers. Tout a commencé en 1990 avec des pétunias. Les chercheurs ont tenté de rendre la couleur pourpre de la plante encore plus intense en injectant le gène responsable de la coloration. A leur grande surprise, des fleurs blanches sont apparues. Il s'est avéré que le fait de greffer un gène dont la fonction était déjà assurée par un gène du pétunia inhibait le processus de coloration. L'étape suivante a eu lieu en 1998 lorsqu'un biologiste américain a découvert que l'acide ribonucléique (ARN), un proche cousin de l'ADN, acide désoxyribonucléique, pouvait «éteindre» les gènes. Ce biologiste a inventé l'expression «interférence de l'ARN » et l'a expliquée en soulignant que les gènes pouvaient être mis en sommeil de manière ciblée. Cela signifierait théoriquement que les gènes défectueux qui causent les tumeurs ou permettent à un virus de se reproduire dans une cellule pourraient être neutralisés. Une nouvelle percée a été réalisée cette année grâce à des tests menés sur des cellules humaines. Auparavant, les expérimentations n'avaient porté que sur un ver et une mouche, la drosophile. Des études réalisées aux Etats-Unis et en Europe ont montré le mois dernier que des cellules humaines in vitro pouvaient ainsi être immunisées contre le virus du sida et celui de la poliomyélite. Les chercheurs pensent que le mécanisme de l'interférence de l'ARN pourrait aussi être efficace contre d'autres affections virales, certains cancers et pourrait même aider à supprimer le phénomène de rejet après une greffe. Certains chercheurs comparent cette avancée aux premiers pas des antibiotiques, qui ont changé radicalement la manière de soigner les maladies causées par les bactéries à la fin du XIXe siècle.