Les coopératives ont été détournées de leur véritable mission, à savoir le développement local et la promotion de l'auto-emploi. Les coopératives sont un outil de développement économique et social qui occupe une place importante dans toute politique de développement local. C'est pour cette raison que les organisations internationales qui s'intéressent à la lutte contre la pauvreté recourent le plus souvent à la promotion des micro-projets créés dans le cadre d'un statut coopératif. C'est le cas du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui donne une très grande importance à la stratégie de développement local via la promotion de la création de coopératives qui permettent de promouvoir l'auto-emploi. Ayant généralement un impact direct sur l'amélioration de la situation sociale de ses membres, la coopérative est un moyen de développement local que certains pays ont adopté comme stratégie de développer des régions défavorisées. C'est le cas notamment de l'Allemagne qui a utilisé le système coopératif pour développer certains secteurs de son économie après la Deuxième Guerre mondiale. Une politique qui a tellement réussi dans le domaine de l'agriculture puisque l'Etat allemand est actuellement l'un des pays les mieux expérimentés dans le domaine des coopératives. Au Maroc, l'Etat a, dès l'Indépendance, entamé une politique d'encouragement à la création des coopératives notamment dans le secteur de l'agriculture, ce qui a donné lieu à des grandes coopératives dans ce domaine. Et, pour accompagner la politique gouvernementale en la matière, le gouvernement créa une administration spécialisée qu'il a chargée du contrôle et de la promotion des coopératives, à savoir l'Office de développement des coopératives (ODECO). Toutefois, durant les cinq dernières décennies, le secteur coopératif a connu plusieurs scandales qui ont marqué son image. Les détournements, les abus et l'illégalité sont devenus la spécificité marocaine en matière coopérative. Certes, il y eut des coopératives qui ont réussi leur pari et se sont distinguées par leur réussite. Mais il est certain que le monde coopératif marocain a plutôt basculé vers l'anarchie et la mauvaise gestion. Cette mauvaise gestion est due notamment au fait que la plupart des coopératives ont été créées dans un objectif purement lucratif, ce qui est tout à fait contradictoire avec la véritable mission assignée par la loi à ce mode d'association. En effet, la loi précise que la coopérative ne doit pas avoir un but lucratif. Elle est plutôt une association d'efforts entre des personnes qui s'associent afin de réaliser ensemble ce qu'ils ne peuvent pas faire individuellement. Par exemple, des artisans s'associent pour créer une coopérative de fourniture en matières premières dont ils ont besoin, étant donné que l'achat desdites matières en grande quantité leur permettrait de bénéficier d'une réduction sur le prix. Cette coopérative ne devrait cependant pas faire de bénéfices, puisqu'elle n'est pas une entreprise commerciale. Et c'est pour cette raison que le législateur a accordé des privilèges fiscaux aux coopératives.