A l'approche de l'ouverture du débat, au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU, sur le sort du plan de paix au Sahara, la presse algérienne se déchaîne un peu plus qu'à l'accoutumée contre le Maroc. «Le Soir d'Algérie» écrit, dans sa livraison de mercredi, que le Maroc «vient de subir un énième revers, à travers la crise qu'il a provoquée autour de l'îlot Persil et ses effets boomerang, au moment où les alliés de Rabat, notamment les Etats-Unis d'Amérique et la France, essayent de faire un forcing en vue d'amener le Conseil de sécurité à entériner "l'accord-cadre". Le journal précise ensuite que « la volonté du palais royal était de tirer profit de la crise de ce rocher pour pousser l'Espagne à ouvrir tous les dossiers en suspens, notamment celui du Sahara-Occidental. Et ajoute-t-il, triomphal, «c'est le résultat inverse qui s'est produit». Affirmant que la ministre espagnole des Affaires étrangères, «froidement accueillie à Rabat, a refusé de discuter d'autre chose que du sort de l'îlot», le journal croit savoir que «les Marocains n'ont fait qu'apposer leur signature en bas du document et se sont pliés à la volonté de Madrid». Il se gargarise, par la suite, des propos de Ramon De Miguel, le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires européennes, qui a déclaré à partir de Bruxelles que la solution du problème du Sahara doit s'inscrire dans «la doctrine et les résolutions des Nations unies». «Le Soir» relève que De Miguel a estimé que la position de son pays était conforme à celle de l'ONU et de l'Union européenne, tout en accusant la France, sans la nommer, d'être le seul pays «dont la position ne coïncide pas pleinement avec celle de l'UE et qui n'a pas changé». Selon le journal, il s'agirait d'un «désaveu, on ne peut mieux clair, au moment où la crise de l'îlot de Persil a vu une médiation américaine et où l'Europe s'est rangée du côté de l'Espagne, obligeant la France à adopter un profil bas, elle qui a de tout temps soutenu Rabat». «L'Espagne, en tant qu'ancienne puissance coloniale au Sahara-Occidental, connaît mieux que quiconque les réalités de ce dernier», poursuit-il, soulignant que «la sortie du secrétaire d'Etat espagnol et, surtout, son timing fragilisent davantage la position du Maroc». Mais c'est la partie réservée à l'Union du Maghreb Arabe (UMA) et à la réaction de l'Algérie qui est un morceau d'anthologie. Le journal écrit que les autorités algériennes «expriment présentement leur lassitude de se montrer "plus maghrébines que les Maghrébins"». «Elles disent haut et fort que l'UMA doit se construire avec la contribution de tous». Et d'expliquer qu'en d'autres termes, « Alger n'est plus disposée à faire des sacrifices pour les autres. Elle en a déjà assez fait». Il prend à témoins « les gazoducs qui traversent la Tunisie et le Maroc, l'énergie électrique, pour ne pas citer les bénéfices, engrangés par les pays voisins, de la contrebande, de la drogue, des armes et autres produits importés d'Asie de l'Est et présentés comme production locale pour bénéficier d'exonérations douanières». «Ce Maghreb, conclut-il, l'Algérie n'en veut pas». Pour sa part, «El Watan» écrit que l'Espagne a saisi l'opportunité de la réouverture du dossier du Sahara par le Conseil de sécurité pour apporter d'importantes clarifications quant au traitement de ce conflit. «L'on retiendra, souligne-t-il, que c'est la première fois qu'elle le fait avec autant de clarté alors même que des pressions semblaient être exercées sur elle, à l'occasion de son conflit avec le Maroc ». Le journal relève que dès le mois d'octobre dernier, le Maroc avait reproché à l'Espagne sa position qu'il jugeait «proche de celle du Front Polisario». La réponse, affirme-t-il, péremptoire, est venue lundi depuis Bruxelles, par la voix de M. Ramon de Miguel (…) ». «Le mérite de cette intervention, écrit «El Watan», c'est aussi sa clarté, puisque le ministre a désigné les choses par leur nom (…)». De son côté «El Moudjahid», se contente de rapporter «la satisfaction» du coordonnateur du Front Polisario avec la Minurso, M'hamed Khadad. Une satisfaction qui a pour origine « la position exprimée lundi par le secrétaire d'Etat espagnol chargé des affaires européennes sur la question du Sahara occidental ».