Environ 2200 petits taxis sillonnent les boulevards de la capitale. Les chauffeurs de ces petits taxis ne cachent pas leur colère face à la décadence et à l'anarchie qui caractérisent dans leur secteur. Contrairement à Casablanca, le secteur des petits taxis à Rabat n'est pas juteux, de l'avis de plusieurs chauffeurs des engins bleus qui sillonnent les rues et les boulevards de la capitale du Royaume. Le secteur se trouve confronté à beaucoup de problèmes matériels et organisationnels. Après un débrayage en 2000 en guise de protestation contre les mesures arbitraires entreprises à l'encontre des chauffeurs des petits taxis et la revendication de l'application de la nouvelle tarification, les autorités ont décidé en octobre 2001 l'application de cette dernière à l'instar des autres grandes villes du pays. Cette tarification fixe le prix moyen de la course à cinq dirhams et une majoration de 50 % du prix de la course pendant la nuit. Il a fallu un bon moment pour que les usagers de ces engins s'habituent à cette nouvelle décision, surtout que la majorité des courses, au centre de la ville où sont installées les différentes administrations, ne dépassaient pas les trois dirhams. «A chaque fois, il faut expliquer aux clients qu'il y a une nouvelle tarification qui est appliquée. Chose qui nous fait perdre du temps et nous provoque un grand dérangement», souligne Rachid, 30 ans, chauffeur de petit taxi pendant plus de quatre ans. Mais c'est un faux procès, argue-t-il, les vrais problèmes du secteur résident dans la formule des crédits, la relation avec les propriétaires des agréments notamment les modalités de la location, les risques, pendant la nuit, dans les quartiers périphériques, Youssoufia, Takkaddoum, Yacoub Al Mansour, Ksar Labhar, et la concurrence des grands taxis dans le périmètre urbain. La formule de crédit et la relation avec le propriétaire constituent un point noir pour les chauffeurs, explique Rachid. Pour contracter le crédit, il faut la caution du propriétaire de l'agrément. Et c'est là où le bat blesse. En position de force, ce dernier hausse le montant de la location et impose toutes les autres conditions comme bon lui semble. Le chauffeur paye cher en fin de compte. 2500.00 dirhams de traite mensuelle, 800.00 dirhams de location en plus des autres dépenses qui sont toutes à la charge du chauffeur, visite technique chaque six mois, impôts et autres taxes. Et avant d'arriver là, il faut payer un acompte de pas moins de 30.000 dirhams au départ au propriétaire du précieux document pour la signature d'un contrat de quatre ans. Tout compte fait, poursuit Rachid, les chauffeurs se trouvent toujours déficitaires. Et ce qui est aberrant, précise le jeune conducteur, est qu'au bout des quatre années du contrat, il faut de nouveau débourser au propriétaire le même acompte et parfois plus, en vue de renouveler le contrat d'exploitation. En cas de refus, il retirerait le fameux document. Il est vrai qu'avec toutes ses dépenses excessives, en plus d'autres accidentelles, ainsi que l'absence de couverture sociale, le secteur, qui allège la crise du transport dans la capitale du Royaume, pâtit. Et chaque fois que les autorités de Rabat prennent une décision en vue de promouvoir ce secteur, on ne trouve que de nouvelles conditions imposées du côté des chauffeurs et non jamais des propriétaires. Aujourd'hui, force est de constater que la question d'une gestion de ce secteur, sensible, autrement se pose et s'impose plus que jamais. Il en va du bien des chauffeurs, des propriétaires et des clients.