La Cour suprême israélienne a été saisie de l'affaire de l'expulsion éventuelle vers la bande de Ghaza des proches parents des auteurs d'attentats suicide palestiniens. Et Israël a annoncé le déblocage de revenus fiscaux dûs aux Palestiniens et gelés depuis le début de l'Intifada. Les autorités israéliennes s'étaient engagées dimanche devant la Cour suprême à donner un préavis de douze heures aux Palestiniens qu'elles voudraient expulser. La Cour était saisie d'un recours de 21 Palestiniens de Cisjordanie, proches parents d'auteurs présumés d'attaques sanglantes anti-israéliennes, menacés d'être expulsés par Israël vers la bande de Ghaza. D'abord 16, puis finalement 21, ces Palestiniens sont actuellement en détention. Ils ont demandé à la Cour de prononcer un arrêt interdisant leur expulsion vers la bande de Ghaza. «C'est une décision importante dans la mesure où dans le passé il n'y a pas toujours eu de préavis», a déclaré l'avocate israélienne Léa Tsemel, qui représente les requérants. Selon elle, les vingt et un Palestiniens ont été arrêtés sur la seule base de leur lien de parenté avec des auteurs présumés d'attentats et attaques et seul un petit nombre d'entre eux sont interrogés pour savoir s'ils sont eux-mêmes impliqués d'une façon ou d'une autre. Le conseiller juridique du gouvernement, qui joue le rôle de procureur général, Elyakim Rubinstein, s'était prononcé contre une expulsion de personnes au seul motif de leur parenté avec des auteurs d'attentats, ce qui a suscité le mécontentement du Premier ministre Ariel Sharon. Les Etats-Unis, l'Union européenne, les pays arabes, les Palestiniens, ainsi qu'Amnesty International et l'Organisation israélienne de défense des droits de l'Homme « Betselem», ont dénoncé le projet d'expulsion. Un groupe armé palestinien, les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, a même menacé dimanche d'attaquer les proches de leaders israéliens, si Israël exécutait son projet. Par ailleurs, Israël a annoncé le déblocage de revenus fiscaux dus aux Palestiniens et gelés depuis le début de la seconde Intifada, en septembre 2000. Ce geste, qui s'ajoute à la décision du gouvernement israélien de rouvrir le bureau du recteur de l'université Al Qods (à Al Qods-Est), pourrait augurer d'un assouplissement des restrictions pesant sur les villes palestiniennes de Cisjordanie réoccupées par l'armée israélienne. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Shimon Peres, a par ailleurs fait savoir qu'Israël avait versé environ 100 millions de shekels (20 millions de dollars) de taxes douanières et autres revenus fiscaux gelés peu après le début du deuxième soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne. Des responsables palestiniens ont estimé que l'Etat hébreu, en retenant ainsi des millions de dollars dus aux Palestiniens, entravait l'adoption de réformes et ajoutait aux souffrances qu'endurent 700.000 d'entre eux en raison des couvre-feu et des bouclages. Israël affirme que ces restrictions, imposées en juin dans sept des huit villes de Cisjordanie sous contrôle palestinien au lendemain d'une série d'attentats suicide qui ont tué 26 Israéliens, « sont nécessaires à la lutte contre les infiltrations de kamikazes palestiniens » dans ses villes. L'Etat hébreu s'est dit prêt à verser deux milliards de shekels (420 millions de dollars) de revenus fiscaux à l'Autorité palestinienne quand il sera assuré que ces fonds n'iront pas aux militants, et réclame la constitution d'une commission américaine qui serait chargée d'en vérifier la distribution. Les dirigeants palestiniens démentent soutenir financièrement les groupes militants.