Gabriel Banon, consultant économique international, ancien conseiller du président palestinien Yasser Arafat, réagit à la pétition signée par des dizaines d'hommes de la société civile pour dire leur refus de la monté de l'antisémitisme au Maroc. Dans la nuit noire de l'ignorance, dans la nuit noire de la haine, dans la nuit noire de l'imposture, là où se développe le racisme et l'intolérance s'est élevé un cri refusant cette haine, cette imposture et ce racisme. Des personnes de la société civile se sont élevées contre une dérive naissante de certains personnages qui n'hésitent pas à faire preuve de racisme anti-juif primaire et nauséabond. Une pétition : «Halte au racisme anti-juif» a circulé et le quotidien Aujourd'hui'hui Le Maroc s'en est fait l'écho en lui accordant une pleine page. Cette pétition est signée non par les éléphants de la politique, non par les grands noms de la société marocaine, mais par des citoyens sans titres si ce n'est celui de défenseurs de la tolérance et du respect de l'autre, héritiers d'une tradition séculaire marocaine qui fait la spécificité de notre beau pays. Comment peut-on admettre ou tolérer que des irresponsables sèment la haine de l'autre et tentent de manipuler l'opinion à l'approche des élections. Pour moi, ces déclarations m'interpellent. Me suis-je trompé quand dans l'euphorie des accords d'Oslo j'ai accepté de devenir le conseiller économique de Yasser Arafat et de l'Autorité Nationale Palestinienne. Me sui-je trompé quand militant pour la paix au Moyen-Orient, j'ai défendu avec acharnement et jusqu'à aujourd'hui, le droit du peuple palestinien à un Etat indépendant, viable et démocratique. Me suis-je trompé quand j'ai considéré et continu à considérer, palestiniens et Israéliens des cousins appelés à vivre ensemble dans le respect mutuel et la coexistence pacifique. Me suis trompé enfin quand j'ai basé toute mon action sur ma jeunesse passée au milieu de musulmans et juifs qui avaient souvent tété le même sein. Imprégné par cette exception culturelle qu'est le Maroc où de tout temps, juifs et musulmans étaient avant tout et essentiellement marocains, j'ai toujours témoigné de l'étroite parenté des deux religions et du havre humaniste qu'est le Maroc, à l'abri des dérives racistes ou xénophobes. L'attachement quasi viscéral qu'ont les juifs marocains, qu'ils soient au Pays ou au Canada, en France, en Israël ou ailleurs de par le monde, l'attachement disais-je au Maroc et au trône Alaouite est dans nos gènes marqués par l'histoire commune des juifs et des arabes dans ce pays. Non je me refuse à considérer que je me suis trompé. Non, le paysage marocain n'est pas celui que des scélérats veulent nous peindre. Le Maroc restera le pays exemplaire de la tolérance et du respect d'autrui. Mais il nous faut être vigilants et intraitables avec ceux qui déshonorent le Pays. • Gabriel Banon