Mohamed Lakhsassi, membre de la Commission administrative de l'USFP, estime qu'il ne faut pas surdimensionner l'échec de l'USFP aux élections communales. ALM : Pensez-vous que l'USFP passe par une crise après les élections communales ? Mohamed Lakhsassi : Non, je ne pense pas que les élections communales sont à l'origine d'une crise au sein de l'USFP. Contrairement à ce qui s'écrit dans différents supports médiatiques, l'USFP a réalisé une performance, en termes de chiffres, dans l'élection des maires. Toutefois, il est vrai que la grande surprise de ces consultations, c'est effectivement l'absence de l'USFP des grandes villes. Quelles sont les raisons de l'échec de l'USFP dans les grandes villes ? En fait, il faut reconnaître que le mode de scrutin de liste au plus fort reste est un mauvais choix pour le Maroc. Il est responsable de l'éclatement de la majorité au sein des conseils communaux. En outre, le taux d'abstention est gravement élevé. Cela prouve que le manque de confiance de la part des électeurs est flagrant. Sans oublier le jeu des alliances qui a faussé complètement la donne à cause du non-respect des consignes de vote et des alliances contre nature. À vous croire, on a l'impression que l'échec de l'USFP est dû à des raisons indépendantes de sa volonté ? Il faut reconnaître que l'USFP est en train de vivre une situation spéciale. Pour ce qui est du choix du mode de scrutin, je pense que si nous avions procédé à une étude approfondie de ce système, nous ne l'aurions pas défendu et adopté. Aujourd'hui, notre responsabilité est de tirer les leçons de ces élections. Mais une chose est sûre, les conséquences sur le parti seront beaucoup plus positives que négatives. Justement, quelles sont les leçons que vous tirez des élections ? Tout d'abord, il faut endiguer les problèmes internes au sein du parti. J'entends par là qu'il faut cesser de surdimensionner les divergences d'opinions des responsables qui, malheureusement, se retrouvent sur la place publique dans les colonnes des journaux. A ce titre, il faut préciser que ces polémiques, beaucoup plus théoriques qu'autre chose, sont cantonnées au niveau de la direction du parti. Les militantes et les militants du parti n'ont aucun lien avec ces divergences. La commission administrative, une sorte de Parlement du parti, va se réunir dans les prochains jours pour débattre justement de tous ces problèmes. Nous allons faire le bilan de ces élections et trouver des solutions radicales à tous les dérapages. De quels types de dérapages parlez-vous ? Ceux qui font de certains problèmes minimes de véritables crises politiques. Nos opinions doivent être débattues au sein de nos organes et non dans les colonnes de la presse nationale. D'ailleurs, en renforçant la démocratie interne nous réussirons à en finir avec ces pratiques. Est-ce que vous êtes de ceux qui affirment qu'une main invisible a comploté contre l'USFP ? Personnellement, je ne sais pas ce qui s'est passé dans toutes les villes du Maroc. Cependant, j'ai de sérieuses craintes à ce sujet. A Marrakech, une ville où je me suis présenté, il s'est avéré qu'un élément extérieur a fait basculer la balance au profit du candidat de l'UC. Dans ce cas, nous avons senti un recul dans la politique de transparence des élections. Ceci-dit, je tiens à préciser que la volonté de l'Etat et de SM le Roi en premier lieu est forte et inébranlable dans la construction d'un Etat de droit démocratique. Toutefois, certains responsables locaux qui ont la charge d'appliquer cette politique ont failli à leur devoir.