Le premier secrétaire et le bureau politique de l'USFP doivent rendre des comptes, selon El Houssaine Kafouni, membre du conseil national. Pour sortir de sa crise, l'USFP doit s'ouvrir sur ses bases et ensuite engager un dialogue avec les autres formations de la gauche. ALM : Quelle est votre lecture du départ de Mohamed Elyazghi ? El Houssaine Kafouni : Le bureau politique a décidé de faire de Mohamed Elyazghi un bouc émissaire. Or, le BP est tout aussi responsable que le premier secrétaire. Certes M. Elyazghi a une grande part de responsabilité dans ce que vit le parti actuellement, mais n'empêche que le BP l'est aussi, soit parce qu'il a toujours été d'accord avec les décisions du premier secrétaire ou qu'il n'a pas eu le courage de les contrer. Les deux ont commis beaucoup d'erreurs notamment lors de la création de la Fédération démocratique du travail, FDT, mais aussi tout récemment, lors de la formation des listes des candidats, et la liste nationale lors des dernières élections et la gestion des négociations pour la formation du gouvernement de Abbas El Fassi. Maintenant, quelles sont les solutions à même de sortir l'USFP de la crise ? Aujourd'hui, une seule solution se présente. Il faut associer toutes les instances et organisations du parti à la gestion de la crise. Il faut recourir aux piliers du parti que sont le conseil national, les secrétariats régionaux et provinciaux et les bureaux locaux. Et cela par la création d'une commission issue du conseil national qui aura pour mission d'évaluer la situation que vit le parti actuellement et préparer le prochain congrès. Il faut réhabiliter les différentes structures du parti, la jeunesse, le secteur des femmes et le syndicat. Il faut que le conseil national concilie le parti avec les mécontents qui l'ont quitté et ceux qui ont gelé leurs activités et ouvre un dialogue constructif avec les autres formations de la gauche. Pour l'heure, le bureau politique ne doit pas être démis. Il doit être maintenu pour rendre des comptes sur la situation organisationnelle et financière du parti. Mais en attendant la tenue du 8ème congrès une commission doit être formée de membres du conseil national pour la gestion des affaires du parti et pour la préparation de ce rendez-vous prévu début 2008. Quelles répercussions aura cette crise de l'USFP sur le gouvernement ? Il faut d'abord préciser que le gouvernement est déjà fragile car il n'est pas adossé à une majorité claire. Pour ce qui est de l'USFP, le bureau politique peut tout à fait renier leur représentativité aux ministres qui ont été désignés sous la bannière du parti. Ce qui supposerait l'éventualité d'un remaniement ministériel à moins que les ministres usfpéistes ne soient considérés comme des technocrates. Ce qui nous ramène à nous interroger sur la crédibilité des deux ministres qui ont quitté leurs fonctions au sein du parti. La logique veut donc que M. Elyazghi quitte son poste de ministre où y reste en tant que ministre technocrate. Qu'en est-il des travaux de la commission créée par le conseil national pour évaluer les résultats des élections ? Les commissions d'évaluation qui sont au nombre de trois ont réalisé un bon travail et abouti à des conclusions qu'il faudra respecter, dans l'intérêt du parti. Elles ont tracé une ligne de conduite que le conseil national doit absolument suivre pour faire sortir le parti de la crise. Il s'agit de la commission d'évaluation des résultats des élections qui se penchent sur la période allant des élections de 2002 à celle de 2007 en passant par les communales qui ont suivi et lors desquelles le parti a notablement régressé. Cette commission a pointé du doigt, entre autres, l'absence de proximité avec les électeurs du parti et la marginalisation des instances régionales lors de l'élaboration des listes des candidats pour le scrutin du 7 septembre dernier. La deuxième commission s'est attelée, après une analyse critique de la situation actuelle, à dégager les orientations générales futures du parti. La troisième commission qui s'est penchée sur l'aspect organisationnel du parti a examiné la situation des représentations locales et régionales du parti et évalué le degré d'application des orientations du 7ème congrès du parti. Le travail de ces trois commission sera centralisé par une commission centrale qui devrait présenter ces conclusions au conseil national. Une date précise a-t-elle été fixée pour la prochaine réunion du conseil national ? Certes, certains membres du bureau politique optent pour le 11 janvier avec tout ce que représente cette date comme charge symbolique. Je pense que nous avons déjà accusé un retard. Le travail de la commission d'évaluation ayant été finalisé, elle devait le présenté au conseil national depuis fin novembre. Or, cela n'a toujours pas été fait. Pourquoi attendre donc le 11 janvier alors que le conseil national peut se réunir à partir de ce 22 décembre ? Rien ne l'en empêche.