Des membres du bureau politique de l'USFP exigent une réunion urgente du conseil national du parti. Certains estiment que cette réunion devrait aboutir à la démission du premier secrétaire et de Abdelouahed Radi. «La plupart des militants ne sont pas contents». Cette assertion de Mohamed Benyahia, membre du conseil national de l'USFP, traduit l'état actuel des troupes de Mohamed Elyazghi. Interrogé sur sa réaction suite à la décision de Abdelkader Bayna, membre du bureau politique, de geler ses activités au sein de cette instance, M. Benyahia a indiqué que cette décision ne l'étonnait guère. «C'était attendu», a-t-il dit avant de rappeler que Abdelkader Bayna avait menacé lors d'une réunion du bureau politique de geler ses activités au sein de cette instance si M. Elyazghi acceptait un poste sans portefeuille. «Il a dit qu'il allait le faire, et il a fini par geler ses activités», affirme M. Benyahia. Contacté par ALM, l'intéressé lui-même se refusera de commenter sa décision et se contentera de dire : «il faut demander au premier secrétaire». Une manière de dire que toute la responsabilité de la suite qui sera donnée aux événements incombe au premier secrétaire du parti Mohamed Elyazghi. Pour Rachida Benmassoud, membre du bureau politique dont le nom avait circulé comme candidate potentielle au poste de ministre de la Culture, il faut attendre la réunion du bureau politique qui aura lieu le week-end prochain. «Nous sommes en train de préparer la réunion, ce week-end, du bureau politique pour prendre une décision en ce qui concerne tout ce qui vient de se passer ces derniers jours, notamment le niveau de représentation du parti dans le nouveau gouvernement», révèle-t-elle. Une autre réunion décisive attend les dirigeants de l'USFP dans les semaines à venir. Le conseil national devrait se tenir dans un mois. «C'est là que tous ces problèmes seront discutés», indique M. Benyahia. Pour l'heure, la fronde se généralise et plusieurs grosses pointures du parti commencent à demander la tête du premier secrétaire. «Mohamed Elyazghi et Abdelouahed Radi n'ont plus leur place au sein du conseil national et du bureau politique », lance El Houcine Kafouni. D'ailleurs, «c'est tout le bureau politique qui doit partir», ajoute ce membre du conseil national du parti de la Rose. «Des concertations sont engagées dans ce sens pour réunir le plus tôt possible le conseil national afin de démettre le premier secrétaire et le bureau politique. Pour le moment, rien n'est encore officiel, mais des contacts individuels ont été engagés», affirme M. Kafouni. Et d'ajouter: «c'est la limite, on tend vers la rupture». Le motif de cette levée de boucliers au sein des militants du parti: la manière avec laquelle ont été gérées les négociations avec le Premier ministre et surtout le résultat auquel elles ont abouti. «Il n'y a pas d'explication politique à tout cela et les Marocains penseront que nous avons négocié et choisi les postes et ils ont raison de le faire», affirme M. Benyahia. Car, ironise-t-il, «quelles réformes engagerait M.Elyazghi dans un ministère sans portefeuille ? On ne voit pas non plus quelles sont les réformes qui peuvent être menées au niveau du ministère de la Justice. Il est clair que M. Radi se contentera de la gestion au jour le jour du département». M. Benyahia ajoute par ailleurs que «la manière avec laquelle ont été menées les négociations donne l'impression que l'USFP ne cherchait que les sièges». De son côté, M. Kafouni explique que «les gens qui ont mené ces négociations doivent assumer leur responsabilité et rendre compte au conseil national». Ce membre du conseil national va plus loin et demande la tenue d'un congrès extraordinaire et se dit d'ores et déjà pour une institutionnalisation des courants d'idées au sein du parti. À noter qu'après Mohamed El Gahs, Abdelkader Bayna est le deuxième membre du bureau politique de l'USFP à geler ses activités au sein de cet organe. Les positions de plus en plus tranchées de Abderrafie Jouahri affichées dans ses articles sur les colonnes d'Al Ahdath ne sont que les prémisses d'une grande crise, affirment les connaisseurs des coulisses du parti de la Rose.