Depuis un quart de siècle, des détenus marocains croupissent sur le sol algérien. Leur tort est d'être des militaires affectés dans les provinces du Sud. Les Algériens ne veulent pas y voir un drame humanitaire. Les organismes internationaux doivent bouger pour mettre un terme à ce calvaire. On aura beau dire, l'Algérie continue ses manœuvres pour bloquer toute initiative visant à trouver une solution au problème du Sahara. Pire encore, même le côté humain n'y a pas échappé et le maintien des camps de détention de prisonniers marocains sur ce qui est censé être son territoire est proprement affligeant. On se rappelle que lorsque les nations-unies avaient opté pour l'organisation du référendum d'autodétermination, les Algériens avaient tout entrepris pour torpiller cette résolution. D'abord, les militaires d'Alger avaient appelé à ce que les postulants au référendum votent là où ils se trouvent. Un terrain d'entente a été trouvé, et les séquestrés de Tindouf auraient pu voter dans la région d'Ousserd. Niet des Algériens pour lesquels permettre à quiconque des détenus de voter loin des bagnes est une menace potentielle pour Alger et ses créatures du Polisario. Mais là où le cynisme atteint son paroxysme, c'est le sort de millier de prisonniers : ils seraient 1300 à croupir dans les geôles de Tindouf, soit objet de surenchères politiques, de marchandage de bas étage et velléités mesquines qui n'ont rien à voir avec des questions de principe, sélectives et aléatoires. C'est dans cet état d'esprit que l'on peut relever que les annonces de libération de prisonniers marocains se font pour coller à une actualité régionale et/ou internationale à même de permettre à Alger d'en tirer profit. C'est dans cet état d'esprit aussi que l'annonce par Alger, via Polisario, de la libération de cent Marocains avait coïncidé avec la date annoncée de la tenue d'un sommet maghrébin, qui, finalement, n'a pas eu lieu. C'était mardi 18 juin dernier. Cette libération des cent Marocains vient à la suite de la visite à Alger du secrétaire d'Etat allemand aux Affaires étrangères, Juergen Chrobog. La pression allemande a eu des effets immédiats et le Maroc a aussitôt exprimé ses vifs remerciements à la diplomatie allemande pour ce geste amical à l'égard du Royaume. Six mois auparavant, en janvier dernier, 115 autres prisonniers marocains ont été libérés suite aux pressions du chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar. A chaque fois, Alger veut capitaliser ces gestes au demeurant humains et qui plus est interviennent sous la pression. Il y a deux ans encore, les garde-chiourmes de Tindouf ont libéré 201 militaires marocains. Des libérations pour espérer redorer un blason très terni. Le Maroc n'y va pas par quatre chemins pour dire que ces agissements ne peuvent tromper personne. L'ambassadeur du Maroc à Genève, Omar Hilale, a appelé, le 26 juin, l'Algérie à assumer pleinement ses responsabilités à l'égard des séquestrés marocains. S'exprimant devant le 24ème comité plénier du HCR réuni à Genève le 26 juin dernier, l'ambassadeur du Maroc a dénoncé le «calvaire» des réfugiés qui perdure depuis plus d'un quart de siècle". Omar Hilale a insisté sur le devoir de protection que leur garantit la convention de Genève de 1951 relative aux réfugiés. Il faut dire que les informations qui filtrent sur la situation de ces réfugiés sont très alarmantes. Les camps du Polisario sont en proie à une révolte accompagnée de décisions massives de retour au Maroc. L'ambassadeur du Maroc, Omar Hilale a aussi attiré l'attention des instances de l'ONU sur l'impunité dont bénéficient «les auteurs d'atteintes aux droits humains commises par le passé dans ces camps». Aujourd'hui, la libération des cent prisonniers et leur arrivée au Maroc ne peuvent aucunement servir d'écran par rapport à ce qu'endurent les 1200 séquestrés restant dans les bagnes de Tindouf. En attendant, c'est la légitimité internationale qui est bafouée…