Tout semble être mis en œuvre pour baliser le terrain à la plus importante introduction en Bourse d'une entreprise publique nationale, en l'occurrence Maroc Telecom. Les signaux allant dans ce sens se multiplient. Analyse. Le chemin devant conduire Maroc Telecom en Bourse est désormais tracé. Dernier acte en date, l'adoption par le Conseil du gouvernement, jeudi 2 septembre, de deux projets de lois relatifs à la privatisation des établissements publics. En effet, le ministre des Finances a présenté un premier projet de loi modifiant la loi autorisant le transfert d'établissements publics au secteur privé, et un second complétant le décret pris sur la base de la loi portant autorisation du transfert d'établissements publics au secteur privé. Validées par le gouvernement, ces mesures ouvrent la voie vers le passage, dans une opération de privatisation, par une place boursière internationale. En effet, la loi n° 39-89, telle qu'elle a été modifiée et complétée par la loi n° 34-98, n'autorise l'ouverture du capital d'un établissement public qu'à travers la Bourse de Casablanca. Selon toute vraisemblance, l'imminente introduction en Bourse de l'opérateur historique, prévue pour le mois de novembre, a rendu nécessaire l'actualisation du dispositif réglementaire en vigueur. Autre élément qui vient à l'appui de cette thèse, l‘élargissement des horaires de cotation à la Bourse de Casablanca. En effet, la Bourse marocaine vient de décider d'allonger sa durée de cotation à 6h30 quotidiennement. À partir du lundi 6 septembre, la séance de cotation débutera ainsi à 9h30 et clôturera à 16h, au lieu de 13h. Les responsables de la Bourse de Casablanca justifient cette décision par le fait que l'horaire actuel limité à une durée de 4h ne répond plus aux objectifs de la Bourse, qui consistent notamment en l'alignement de cette derrière aux standards internationaux. En réalité, tout laisse croire que le timing de cet ajustement est motivé par la préparation à la double cotation de l'opérateur historique, au Maroc et à l'étranger. Reste que cette décision suscite une polémique auprès des intermédiaires qui refusent le principe du rallongement de l'horaire de la cotation. Pour eux, les faibles volumes de transaction ne justifient pas pour le moment une telle décision. La société gestionnaire de la Bourse de Casablanca a amorcé une série de concertations. Un report, d'un mois ou deux, pourrait même être envisagé afin de permettre aux professionnels de mieux se préparer à cette échéance. Cependant, et concernant l'opération d'introcduction de MT, des questions restent en suspens : la cession des 16% promise à Vivendi interviendra-elle avant, pendant ou après l'introduction en Bourse ? Quant à la part du capital qui sera introduite dans les deux bourses, certaines analyses estiment que 5% du capital pourraient être placé à Casablanca et 10 % à l'étranger, soit Londres, New York ou Paris. Cette cotation doit permettre au gouvernement d'atteindre son objectif de recettes de privatisation et d'établir une nouvelle valorisation pour les 16 % que Vivendi Universal compte acquérir au second semestre. Pour rappel, l'Etat détient 65 % de l'opérateur, VU détenant les 35% restants, mais ayant promis d'acheter 16 % supplémentaires. Reste donc à déterminer l'évaluation la plus pertinente. Selon les chiffres avancés par Vivendi Universal, livrés selon les normes du groupe de manière trimestrielle, il compte déverser 700 millions d'euros pour entrer en possession des 51 % de Maroc Telecom. Toutefois, l'évaluation est tributaire de plusieurs facteurs. Dans tous les cas, l'Etat est devant une équation particulièrement complexe. Comment concilier une valorisation permettant de faire payer le partenaire le prix fort mais, en face, intéresser l'actionnaire en Bourse ? • Youssef Chaoui & Bensalem Fennassi