ALM : Tout d'abord, où avez-vous disparu ? Et que faites-vous à Marrakech? Sami Yusuf : C'est la première fois que je visite Marrakech. C'est une ville qui m'a beaucoup charmé avec son patrimoine et sa belle culture ; je la trouve si différente des autres villes marocaines. Sinon, je n'ai pas disparu. Par contre, je suis très occupé à voyager dans le monde entier et travailler sur différents projets et albums… La réalité c'est que je suis un artiste indépendant, je n'appartiens à aucune entreprise, je n'ai pas non plus d'appartenance politique pour me financer à produire mes œuvres. Je tiens à vous signaler que je compose et je produis ma propre musique, pour être libre dans ce que je fais. Et tout cela pour pouvoir fédérer une certaine frange de la société arabo-musulmane dans un monde confronté à des changements culturels liés, notamment, à son actualité et à son histoire récente. Et je suis très heureux d'avoir eu une très bonne audience et que tout le monde apprécie ma musique qui a un ressenti international. Justement, quelles sont vos nouveautés ? Effectivement, mon nouvel album sortira ce 6 février. L'album est entièrement consacré au Prophète de l'islam et à Dieu. C'est un album intitulé «Al Baraka». Il propose 12 morceaux et deux récitations du Coran dont le style, assez uniforme d'un point de vue musical, présente quelques variantes. Il commence en Afrique du Nord avec «Ina fi Al-Jannati Nahran Min Laban», le célèbre morceau marocain, et se termine au Kurdistan. Dans ce travail, je tente de présenter les multiples facettes culturelles et linguistiques du monde musulman. Ce disque se veut un panoramique d'une diversité dépassant les frontières. Avez-vous l'intention de faire tourner l'un de vos vidéoclips au Maroc ? Non, je ne vais pas filmer au Maroc. Par contre, il y a cinq jours, j'ai repris la chanson d'Al Melhoun de «Ana Mani fiyach» avec l'accent marocain. C'est une première et belle expérience pour moi. D'ailleurs, elle a été très réussie sur YouTube. Malheureusement, la plupart des jeunes aiment écouter et suivre la musique à rythme fort et occidentale et ils n'apprécient pas ce type de musique aussi spéciale à l'instar d'«Al-Malhun» ou «musique soufie». C'est une musique incroyable et belle. Justement, peut-on vous voir bientôt en duo avec un chanteur marocain ? Si Dieu le veut, oui. J'attends cette occasion avec impatience. Pour le moment je travaille sur un projet de la sorte, mais je ne peux pas citer de noms. Allez-vous participer à Mawazine 2016? Peut-être, si j'ai le temps. C'est un grand festival qui a pu promouvoir le patrimoine et la culture marocains. Par contre, j'ai beaucoup d'estime pour le Festival des musiques sacrées de Fès. C'est un bon festival. J'ai déjà assisté à l'un de ses concerts que je ne vais jamais oublier. Comment est votre lien avec le Maroc? J'ai un lien profond avec le Maroc. Ce pays est une terre de saints, c'est une terre de «baraka» et d'islam. J'y suis venu la première fois en 2007, pour animer un concert au festival de musique de Casablanca. C'est un bon souvenir. J'étais aussi au festival «Sada Al Ashar» de Tétouan et j'ai animé un concert inoubliable avec environ 40.000 personnes qui ont suivi le festival. Comment trouvez-vous le style de Maher Zain ? Pensez-vous à faire un duo avec lui ? Il est bon, différent et moderne. C'est un chanteur de pop, il a ses fans et sa musique est aussi appréciée par tout le monde. Mais ce n'est pas le genre d'artistes avec qui je pourrai travailler dans l'avenir.