Organisée pour la première fois au Maroc, cette exposition a été montée par les plus importantes institutions artistiques internationales, à savoir le Centre Georges Pompidou, le Palais de Tokyo, l'Institut du Monde Arabe, Paris et la Fondation Aperture New York. Artiste incontestable, Hicham Benohoud pratique de la peinture, de la photographie ou de la vidéo. Tout au long de son parcours artistique, il a su développer une approche photographique fondée sur la mise en scène. À l'aide d'objets empruntés à son environnement, il expose au regard des modèles qu'il met dans des situations inhabituelles. À ce sujet, Bernard Millet, directeur de l'Institut français de Rabat témoigne : «À travers son travail, Hicham Benohoud a développé une œuvre qui ne cesse, derrière ses brillantes mises en scène de la réalité, d'interroger l'identité. La sienne bien sûr, dans les nombreux autoportraits aux apparences mystérieuses, mais pas seulement». De ce fait, cette exposition rétrospective montre plusieurs séries de ces œuvres. Le public découvre la série «Salle de classe» réalisée à Marrakech où l'artiste était enseignant d'arts plastiques dans un collège. Les enfants de la «Salle de classe» posent au centre d'architectures de tables, ou debout sur des chaises. Par l'image, ils parlent d'eux-mêmes comme du monde dans lequel ils vivent, tout comme d'autres enfants. L'exposition donne à voir également la série «Ane situ». Dans ce travail, les ânes trônent au milieu de salons luxueux, tout en demeurant prisonniers d'improbables constructions de briques, de moellons ou de grilles. «Ils sont comme les acrobates de la Place Jemaa El Fna de Marrakech que Hicham Benohoud photographie, dans de savantes compositions, où la couleur et la torsion des corps les font s'échapper dans l'espace d'une intimité partagée avec l'artiste». La série photographique «Azemmour» témoigne de l'engagement social de l'artiste en axant son travail auprès d'enfants de la ville d'Azemmour au Maroc. Avec ses tirages argentiques, il emmène le visiteur dans une relation étroite avec ces enfants livrés à eux-mêmes et interroge les inégalités sociales et culturelles. Tout en présentant leurs corps ligotés, occultés ou encore attachés à leur environnement, il introduit des objets trouvés sur le parcours photographique. Il questionne ainsi cet entre deux mondes que ces enfants symbolisent dans une vivante tragédie. Pour rappel, Hicham Benohoud est lauréat de l'Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Il a enseigné la photographie au Fresnoy, Studio national des arts contemporains à Tourcoing en France. Ses œuvres figurent dans les plus prestigieuses collections publiques et privées, Palais Royal Rabat, MuCEM de Marseille, Tate Modern de Londres et Centre Reina Sofia de Madrid.