Si certains festivals connaissent un grand succès et un rayonnement considérable, d'autres, financés en grande partie par le ministère de la Culture, sont en voie de disparition. Concepts mal réfléchis et amateurisme en matière de gestion se traduisent par une impopularité synonyme d'échec. Radioscopie La saison estivale touche à sa fin. Avec elle, une autre saison, celle des festivals, véritable phénomène au Maroc, prend également fin. Une saison qui ouvre son bal chaque printemps et qui donne lieu à une véritable marée d'événements, petits comme grands, populaires ou non. Si la « prolifération » que connaît la formule des festivals est désormais un fait établi au Maroc, le pays n'enregistrant, d'après le ministère de la Communication, pas moins de 70 festivals par année, force est de constater que ces festivals ne sont pas tous de la même qualité et ne connaissent pas tous le même succès. D'une part, on assiste à l'émergence de plusieurs manifestations qui offrent non seulement des spectacles et des activités d'un très haut niveau, mais qui ont atteint désormais une maturité telle que leur pérennité n'est plus remise en question. Les exemples ne manquent pas. Il n'y a qu'à voir le succès que connaissent des festivals comme celui de Gnaoua et musiques du monde d'Essaouira, le Festival des Musiques sacrées de Fès, le Festival Mawazines de Fès, le Festival international du film de Marrakech pour s'en rendre compte. Rendez-vous désormais incontournables, ces festivals ont installé leur réputation non seulement à l'intérieur, mais aussi à l'extérieure du pays. Plus que des événements ponctuels, ils se sont mués en véritables institutions, adossées à des associations ou à des entreprises travaillant toute l'année, bénéficiant de l'apport à la fois des recettes pour certains d'entre eux que de celui des sponsors qui se font un plaisir de joindre leur noms, et leur argent à ce type de manifestations. Un professionnalisme qui n'a d'égal que le concept même qui se cache derrière. Des concepts bien réfléchies, bien orchestrés, bien menés et donc bien accueillis. Non seulement ces festivals arrivent à faire parler d'eux en tant qu'événements phares sur le plan culturel et artistique, mais ils jouent également un rôle économique et social indéniable pour les villes et régions où ils ont lieu. Essaouira, où une véritable dynamique économique et sociale a été créée dès les toutes premières années de son Festival Gnaoua, est un cas d'école en la matière. Même s'il est élitiste, le Festival des musiques sacrées de Fès a refait parler de la ville, notamment sur le plan du tourisme culturel, bien que la cible soit quantitativement limitée. Mais ces constats de succès et de rayonnement ne sont pas valables pour tous les festivals organisés au Maroc. Ayant animé une conférence de presse mercredi dernier pour présenter le programme du festival de Volubilis, le ministre de la Culture, Mohamed Achâari, a admis, sans le dire, qu'il existe des cas d'échec en matière de festivals. Comme celui de Abidate Errma ou celui d'Ahidous se défendent toujours et bien, bénéficiant en cela d'une grande popularité, des échecs ne sont pas moins visibles à l'œil nu. Ils concernent en grande partie les festivals dont le ministère à la charge. Un échec expliqué par le fait que le Maroc accuse un retard en matière de consommation du produit culturel. La gratuité des spectacles serait même derrière leur dévalorisation et la perte des efforts déployés dans ce domaine, selon le ministre. Mais il n'y a pas que cela. S'il est des causes à pointer du doigt, ce seraient l'amateurisme qui caractérise la gestion de certains événements, doublé de concepts qui sentent le vieux, qui se limitent au patrimoine et aux arts populaires, à préserver certes, mais le ministère n'a pas pour autant crée une dynamique à même de valoriser ce patrimoine. Ajoutons que la manière dont les responsables de ces festivals, fonctionnaires du ministère pour la plupart, et qui laisse énormément à désirer, contribue également à cet échec. Quant aux expressions modernes, l'ouverture, l'éclat, il faudra attendre que des projets, comme celui de l‘innovation en cours du Festival des arts populaires de Marrakech, entamée cette année, prennent définitivement forme. Ce qui est sûr, c'est que le nombre de ces festivals est amené à augmenter. Mais l'effort du ministère devrait s'y réduire au soutien. Dans un contexte marqué par une véritable course au succès, les festivals qui marchent sont ceux qui reposent sur un concept fondateur. Et au lieu de faire, le ministère ferait mieux de faire faire.