Le quotidien français "Libération", qui revient sur l'assassinat de Hicham Mandari, relève une connexion de celui-ci avec le Prince Moulay Hicham et passe étrangement sous silence le passage de l'interview d'El Mundo relatif à la connexion de l'escroc assassiné en Espagne avec certaines hautes personnalités françaises. Décryptant l'assassinat de Hicham Mandari, le quotidienfrançais «Libération» souligne, dans son édition du 23 août 2004, que l'itinéraire de Mandari constitue «une plongée dans les arcanes du régime marocain et dans un méli-mélo de combines où se mêlent affaires, détournements de fonds et barbouzerie. Sous la plume de François Musseau, correspondant à Madrid, le quotidien établit -en citant “Le Canard Enchaîné“, dans son édition du19août-d'étonnantes connexions. On y apprend, entre autres, que Mandari était en relation avec Moulay Hicham, «le cousin germain, mais fort peu en cour, de Mohammed VI». Lourde de sens, cette affirmation sibylline laisse entendre au moins une relation, voire plus, entre les deux personnages. Libération reprend entre guillemets, mais sans sourciller, les assertions du journal satirique, selon lesquelles Mandari avait des «liens avérés avec les services secrets algériens, espagnols et le front polisario». “Le Canard Enchaîné“ est en général réputé pour la qualité de ses sources. Ce qui se murmurait en privé est à présent écrit noir sur blanc par une publication qui a fait de l'investigation son label professionnel. Mort, Mandari dépasse aujourd'hui de loin toutes les ambitions auxquelles il aurait pu prétendre. Désormais les connexions apparaissent au grand jour et l'on n'a pas fini de découvrir ceux et celles qui à l'ombre tiraient les ficelles d'un pantin dont la mort tragique ouvre la voie, aujourd'hui, à toutes les impostures. Si tout le monde sait qu'en France, Mandari est inculpé dans une affaire de faux dinars de Bahreïn portant sur environ 350 millions d'euros et qu'il avait défrayé l'an dernier la chronique dans une sombre affaire impliquant le banquier Othman Benjelloun, président de la Banque marocaine pour le commerce extérieur, l'on comprend maintenant mieux la nature de ces «liens avérés» entre Mandari, les services secrets algériens et le polisario. Des révélations, qui, si elles étaient fondées, donneraient une tout autre ampleur à l'affaire Mandari. On passerait alors d'une arnaque qui a pour objectif de rouler tout le monde dans la farine pour des raisons crapuleuses, à une espèce de manipulation d'une autre envergure, sans noblesse aucune, laquelle est éventée depuis longtemps, et dont Mandari serait, finalement, lui-même la victime. Mais ce qu'il est aussi intéressant de noter, c'est que le quotidien français ait passé sous silence tous les liens supposés ou réels de Mandari avec des gros bonnets de la politique française tels Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin, Jean-Pierre Chevènement, qu'il traite de «politicien corrompu»; Edouard Balladur ou encore même Jacques Chirac, son épouse Bernadette et leur fille Claude. Cela est d'autant plus intéressant que le journal français a un correspondant dans la capitale madrilène et que nul ne peut croire que les propos de l'escroc concernant les Français publiés par “El Mundo“ aient pu échapper à François Musseau. On peut, à la limite comprendre que les journalistes de l'Héxagone aient adopté cette attitude «par esprit républicain». El Mundo en fait pourtant ses choux gras. Vu comme cela, on peut interpréter ce qui se passe de part et d'autre des Pyrénées, comme une guerre sourde entre services espagnols et français. Mais ce qui est encore moins compréhensible, c'est que la publication marocaine qui a publié la dernière interview de Mandari ait choisi, elle aussi, de faire l'impasse sur les fréquentations ou les secrets liés à des personnalités françaises.