On ne savait pas que la presse faisait parler les morts. Ce nouveau genre journalistique, le quotidien espagnol "El Mundo" vient de l'inventer en publiant dans son édition du dimanche 22 août un long entretien avec Hicham Mandari assassiné récemment en Espagne. On ne savait pas que la presse faisait parler les morts. Ce nouveau genre journalistique, le quotidien espagnol "El Mundo" vient de l'inventer en publiant dans son édition du dimanche 22 août un long entretien avec Hicham Mandari assassiné récemment en Espagne. Il s'agit peut-être d'une interview d'outre-tombe ! En tout cas, cela laisse pour le moins perplexe. Plus grave encore, les propos attribués au défunt sont diffamatoires à l'égard des institutions du pays et de ses symboles. Des propos inqualifiables, attentatoires à l'honneur de personnes nommément citées, qui dépassent les limites du respect et de la bienséance. Même si l'interviewé ou un autre se livre à cet exercice indigne, un journal qui se respecte ne reproduit jamais les passages sujets à caution sous peine de tomber sous le coup de la loi. Étonnant qu'une publication réputée pour son professionnalisme et sa rigueur soit tombée si bas en prêtant ses colonnes à du verbiage de caniveau. Étonnant qu'elle ait ouvert ses pages à un homme connu pour être un escroc en rupture de ban qui a trempé dans nombre d'affaires scabreuses. Quel crédit ajouter aux déclarations faites de son vivant ou à titre posthume par un individu de cet acabit a fortiori lui donner la parole et publier ses insultes et ses divagations ? En vérité, il y a lieu de se demander si Mandari, à supposer même qu'il ait effectivement accordé cet entretien, a véritablement cédé à cette fièvre diffamatoire telle qu'elle a été étalée? Alors, quel est le véritable moteur de cette histoire qui dégage des relents malsains ? Qui se cache derrière l'interview de Mandari, qui du reste n'est plus de ce monde pour témoigner ? Le directeur d'El Mundo a peut-être la réponse. Cette affaire va évidemment à l'encontre des règles déontologiques du métier d'informer dont El Mundo n'en a apparemment cure. Les responsables du journal ont crié à la censure par les autorités marocaines du numéro incriminé avant d'être confondus puisqu'il a été vendu librement dans les kiosques. Preuve en est que le Maroc, engagé résolument sur la voie de la démocratisation, a tourné définitivement le dos à la censure même si les articles de certains journaux hostiles au pays versent, souvent par provocation nihiliste, dans l'injure et la calomnie systématiques. Sauf à vouloir nuire à la réputation des gens, la liberté d'expression ne signifie pas liberté de diffamer et de calomnier. Dans ce genre de situations indignes, les colporteurs de ragots et les marchands des mensonges devront assumer leurs responsabilités devant la justice, seul recours pour réparer le préjudice moral subi. El Mundo s'est prêté à un jeu condamnable, il devra répondre de son acte. C'est cela la démocratie. Au fait, on n'a pas entendu l'organisation de Robert Ménard sur cette affaire. Pas de communiqué dénonçant ou à tout le moins critiquant l'interview d'“El Mundo“? Reporters sans Frontières, qui se veut défenseur du métier d'informer, n'ouvre les vannes des protestations que lorsque cela sert ses intérêts ? Quant à El Mundo et ses responsables, ils ont dépassé toutes les limites déontologiques et éthiques.