Il y a eu les incontournables problèmes de billetterie, de grosses erreurs d'arbitrage, un football souvent médiocre et une météo peu clémente. Mais la Coupe du monde a tracé une nouvelle frontière du football : l'Asie. Contrairement à ce qu'annonçaient les plus sceptiques des observateurs, le Mondial 2002 n'a pas été un désastre. En fin de compte, cette Coupe du monde s'est déroulée sans violence et les formidables obstacles posés par l'organisation de 64 matches dans deux pays différents, avec un million de visiteurs à la clé, ont été surmontés sans grandes difficultés. L'enthousiasme pour le ballon rond affiché par les supporters japonais et surtout coréens a permis au football de repousser sans encombre une nouvelle frontière. La vision de millions de Coréens jubilant dans leurs tee-shirts rouges pour célébrer l'ascension fulgurante de leur équipe, arrivée en demi-finale, restera l'une des images marquantes de la compétition. "Nous avons eu un public merveilleux. Le public a créé une ambiance si positive dans les stades que nous avons vu les joueurs démontrer beaucoup de fair-play", a estimé le président de la Fifa, Sepp Blatter. Les détracteurs du Mondial asiatique verront aussi davantage de nationalisme que d'amour du football dans l'enthousiasme manifesté par les "Diables rouges", les supporters de Corée. Mais certains signes sont prometteurs. L'Asie réclame déjà une place supplémentaire au Mondial 2006 en Allemagne, tandis que le président sud-coréen Kim Dae-jung soutient l'idée d'un rapprochement footballistique entre Corée, Japon et Chine. Sur un plan diplomatique, l'organisation du Mondial s'est avérée exempte de tout reproche entre le Japon et la Corée qu'il a colonisée entre 1910 et 1945. La Corée et le Japon ont prouvé qu'ils pouvaient organiser un tournoi à deux pays. Même s'il n'est pas possible d'affirmer que cette co-gestion est chose facile, elle pourrait donner des idées à bien des pays qui n'ont pas les moyens à eux seuls d'accueillir un des événements sportifs les plus médiatisés de la planète. En tout cas, Sepp Blatter a d'ores et déjà fait savoir que la Fifa ne s'opposerait pas à de nouvelles expériences de ce genre - par exemple dès 2010 en Afrique.