Le gouvernement n'a pas respecté la date butoir du 1er juillet pour amorcer la libéralisation des produits pétroliers. Va-t-il succomber à la pression du raffineur qui veut prolonger l'état de grâce dont il bénéficie ? C'est hier que la libéralisation des produits pétroliers devait entrer en vigueur. Mais, pour le moment, le gouvernement n'a pas encore tranché sur la question. «La commission interministérielle qui s'est penchée sur ce dossier n'a pas encore rendu son verdict. On attend avec impatience sa sentence», souligne-t-on auprès du Groupement des Pétroliers du Maroc. Nous avons contacté à plusieurs reprises le ministère du Commerce et d'Industrie pour connaître la position de la commission, en vain. «Mais rien n'est exclu. On peut décider la libéralisation dans les jours ou les semaines à venir. Vous savez, nous sommes au Maroc, le respect des délais fait partie de nos derniers soucis», laisse entendre un responsable auprès du Groupement des pétroliers. A la veille de l'entrée en application de la libéralisation, les sociétés de distribution ont tiré la sonnette d'alarme, mais sans succès. Les distributeurs demandent au gouvernement d'honorer ses engagements prévus dans le cadre de la privatisation de la Samir. Le démantèlement des tarifs douaniers des produits pétroliers n'arrange en rien les affaires du raffineur qui a accusé un retard considérable dans la concrétisation de son programme d'investissement. C'est pour cette raison qu'il fait du lobbying auprès des pouvoirs publics pour retarder cette échéance au moins pour les quelques années à venir. Ses arguments ne tiennent pas la route. La Samir s'accroche au monopole qui lui a été accordé par l'Etat depuis son rachat par le groupe Corral. Ce qui est incompréhensible dans cette situation, c'est le fait que le raffineur est une entreprise privée qui jouit d'un monopole. La Samir estime que si la libéralisation entre en vigueur à partir du 1er juillet, elle ne sera pas en mesure d'affronter la concurrence. Elle se transformera, selon les dires de son patron, Abderrahmane Saïdi, en un centre de stockage. L'on peut se demander comment il se fait que le raffineur n'a pas engagé depuis tout ce temps sa mise à niveau. Comment expliquer également le report des investissements annoncés en grandes pompes chaque année ? Chantage ou pas, la Samir, jugée comme étant l'un des plus grands pollueurs du pays, ne recule devant rien pour retarder l'échéance dans l'objectif de prolonger l'état de grâce dont elle bénéficie depuis cinq ans. Pour l'heure, les sociétés qui se sont préparées à cette échéance manquent de visibilité. La plupart d'entre elles ont engagé des investissements lourds en matière de modernisation du circuit de distribution. Comment alors expliquer l'hésitation du gouvernement à trancher ? Une chose est sûre : une telle hésitation n'a même pas lieu d'être dans la mesure où le cahier des charges de la privatisation de la Samir est clair et précis.