Suite à l'incendie qui a ravagé une partie de La Samir, les sociétés de distribution entendent se lancer plus rapidement que prévu dans l'importation de leurs propres produits raffinés. D'autant plus que le pays dispose d'un stock de sécurité d'à peine un mois. Après l'incendie qui a ravagé, lundi 25 novembre, une partie de la structure de la Samir et qui a failli embraser la ville de Mohammedia et même au-delà, arrive le temps des questions. Et quelles questions. D'abord celle-ci : la privatisation en 1997 de l'unique raffinerie du pays, devenue dès lors propriétaire du groupe suédo-saoudien Corral, était-elle une décision pertinente ? Comment se fait-il que l'État s'est désengagé brutalement d'un secteur hautement stratégique pour dépendre pour les approvisionnements en produits pétroliers d'une entité privée ? Heureusement que l'incendie de La Samir ne s'est pas traduit immédiatement par une rupture de stock. Si c'était le cas, le Maroc serait paralysé à l'heure qu'il est. En attendant que la raffinerie soit réparée, le pays a de quoi tenir juste un mois grâce aux réserves dont dispose La Samir elle-même et les sociétés de distribution. Les dommages subis par La Samir ne représentent pas moins une alerte sérieuse. Les distributeurs, qui se sont réunis mardi 26 novembre avec le secrétaire d'État à l'Énergie et Mines pour étudier les conséquences de cette affaire, en sont conscients qui sont décidés à se lancer dans l'importation de leurs propres produits raffinés. Histoire de diversifier les sources de ravitaillement et de ne plus dépendre du seul raffineur Samir. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la libéralisation progressive du marché pétrolier au Maroc, devenue effective le 1er juillet dernier. Prévue pourtant dans le cahier des charges de la privatisation de La Samir, cette date-butoir, les responsables de cette entreprise ont tout tenté pour qu'elle soit reportée de manière à ce que La Samir continue à bénéficier du monopole des importations. Cette demande de report était d'autant plus incompréhensible que le raffineur n'a pas respecté une des dispositions importantes du cahier des charges. À savoir la mise en œuvre d'un un plan de développement pour la mise à niveau de son outil de production. Un investissement global de quelque 400 millions de Dollars. La libéralisation du secteur, sous forme de démantèlement progressif des tarifs douaniers sur une période de 7 ans, ne devrait permettre aux distributeurs de s'approvisionner de manière effective sur le marché international qu'à partir de 2006. Mais l'incendie dont a été victime La Samir a précipité les choses. Les professionnels du secteur n'attendront plus cette échéance pour gagner leur autonomie. D'autant plus qu'ils se sont préparés depuis des années à cette nouvelle donne. La plupart d'entre eux disposent en effet de zones de stockage, qui au port de Mohammedia, qui au port de Jorf Lasfar à El Jadida. “La Samir, faute d'avoir su s'adapter, ne doit s'en prendre qu'à elle-même“, estime un expert du secteur.