Le démantèlement des droits de douane sur les produits pétroliers devrait en principe entrer en vigueur dans 15 jours. Si les sociétés de distribution demandent à l'Etat d'assumer ses engagements, La Samir cherche, elle, à retarder cette échéance. A la veille de la libéralisation du secteur pétrolier, les réactions des opérateurs se multiplient. Les sociétés de distribution veulent ainsi tirer la sonnette d'alarme et rappeler à l'Etat ses engagements dans ce domaine stratégique pour l'économie marocaine. On relève dans leurs propos un sentiment d'inquiétudes concernant la volonté de l'Etat d'assumer ses responsabilités de libéraliser le secteur dans la mesure où jusqu'à J-15, le silence est toujours de mise auprès du gouvernement sur l'application de la libéralisation des produits pétroliers. On retient juste la dernière déclaration de Mustapha Mansouri, ministre de l'Energie, selon laquelle l'Etat ne reviendra pas sur ses engagements. Faut-il pour autant prendre ses propos pour argent comptant ? Pas sûr. Ces propos ne convaint guère les sociétés de distribution. Tout porte à croire que celles-ci manquent aujourd'hui de visibilité, alors qu'en principe, la baisse des droits de douane sur les produits pétroliers devra entrer en vigueur à partir du 1er juillet 2002, à raison de 10% annuellement. Ce démantèlement douanier figure également dans les clauses du contrat de la libéralisation de La Samir. Il semble qu'aujourd'hui, le raffineur cherche toujours à bénéficier de l'état de grâce accordé par les pouvoirs publics. Elle demande tout simplement le report de l'entrée en vigueur de la libéralisation des produits pétroliers. Une requête officielle a été même adressée dans ce sens. Que faut-il conclure de la démarche entreprise de La Samir : La libéralisation du secteur n'arrangerait en rien les affaires du raffineur qui vient de mettre un pas dans le secteur de la distribution en s'associant avec le groupe Somepi (une alliance qui a fait couler beaucoup d'encre…). Du moins pour le moment dans la mesure où le raffineur n'a pas engagé sa mise à niveau. Rappelons que celui-ci avait bénéficié d'une période de cinq ans depuis son acquisition par le groupe CORRAL. Mais le programme d'investissement visant cette mise à niveau a été toujours recalé pour des raisons incompréhensibles. Face à cette situation, le Groupement des pétroliers du Maroc fait du lobbying auprès des autorités sans pour autant entrer en conflit avec le raffineur. L'association veut tout simplement que l'Etat assume ses engagements. D'autant plus que les distributeurs se sont engagés durant les dernières années dans un vaste mouvement de modernisation aussi bien au niveau des stations de service, du transport, du stockage et des centres emplisseurs. En attendant, les yeux sont rivés sur la commission gouvernementale chargée du dossier. Elle devra trancher dans les jours qui viennent. Quelle que soit la nature de la décision prise, ses enjeux seront de taille pour le développement de ce secteur qui souffre des produits de la contrebande et du monopole de la SAMIR.