Le maire de la capitale, le discret Omar Bahraoui, estime que la décharge de la région de Rabat se fera avec ou sans l'accord de la ville de Salé. ALM : Quelles sont les grandes lignes du projet d'assainissement solide de la région de Rabat? Omar Bahraoui : Je tiens à rappeler que le problème numéro un au Maroc sera, dans les prochaines années, l'assainissement liquide et solide. Dans le premier volet, à Rabat, nous avons déjà entamé un programme d'envergure qui nécessite une enveloppe budgétaire colossale. Quant au projet d'assainissement solide, il concerne toute l'agglomération Rabat-Salé-Témara et nécessitera un investissement de près de 10 milliards de DH, étalé sur une période de 10 ans. Le tout sera géré par une société privée. D'ailleurs, nous avons déjà lancé les appels d'offres pour les soumissions, la présélection a été faite et nous connaîtrons bientôt l'entreprise adjudicataire. Comment s'effectuera le traitement des ordures ? La décharge sera protégée. La société qui gèrera cette décharge sera tenue d'appliquer un programme de traitement des ordures préalablement à leur enfouissement. En outre, dans chaque commune, il y aura un centre de transfert. Une sorte d'usine où les ordures seront quotidiennement regroupées via de petits camions, puis compactées et transférées dans des semi-remorques vers la décharge d'Oum Azza. Le centre de transfert de Rabat sera situé juste à côté de la décharge de Akreuch. Justement, certains élus estiment que les inconvénients de ces centres de transfert sont plus nombreux que leurs avantages... Absolument pas. Le centre de transfert n'aura aucune conséquence sur l'environnement. Ce n'est pas une décharge. C'est un simple magasin. Nous allons utiliser des produits pour qu'il n'y ait même pas d'odeur. Le centre passera inaperçu. Pourquoi installer le centre de transfert juste à côté de l'ancienne décharge? Pour la simple raison que les contrats que nous avons signés avec les sociétés de collecte d'ordures déterminent le lieu exact du déchargement. Et honnêtement, je ne veux pas ouvrir des négociations avec ces sociétés. Une fois dans la décharge, comment seront traités les ordures? Il y a différents types de traitements. Certains coûtent plus cher que d'autres. Nous avons opté pour le minimum vital. En clair, les ordures seront triées, le liquide acide qui provient des déchets, et que les spécialistes appellent le lixiviat, sera bien évidemment traité. Enfin, nous allons procéder à un pré-traitement des déchets. Nous n'avons pas les moyens de traiter entièrement ces déchets. La décharge actuelle touche 20 DH sur chaque tonne de déchets. Qu'en sera-t-il de la décharge d'Oum Azza? On passera de 20 DH à 100 DH ou même 200 DH la tonne. Nous ne pouvons pas aller plus loin. C'est dommage, mais cela nous permettra d'avoir une décharge aux normes. Comment comptez-vous régler le différend opposant la mairie de Salé à celle de Rabat sur la composition du groupement intercommunal? Selon la loi, le nombre de sièges pour une commune est proportionnel à son apport financier. Or, la seule collectivité pouvant apporter des garanties de paiement au secteur privé, c'est Rabat. Sans elle, aucune société privée ne peut s'engager dans cette décharge. Rabat n'a besoin de personne, elle se suffit à elle-même. La preuve, la décharge d'Akreuch est totalement financée par Rabat. En outre, Salé pourrait être un handicap pour nous car elle n'a pas les moyens de payer. Quel rapport avez-vous avec le Mouvement populaire? Vous savez tous les partis se valent. Ce qui me lie au MP c'est beaucoup plus mon amitié avec Mohand Laenser. Car tous les partis se valent. Et avec les élus du PJD? Malgré tout ce qui a été dit, j'ai découvert des hommes d'une grande valeur. Qu'adviendra-t-il de la décharge d'Akreuch? Elle sera complètement réhabilitée. Le méthane que dégagent les déchets et qui est bloqué au fond de la décharge sera extrait et utilisé comme combustible pour la production d'électricité. Bon nombre de présidents d'arrondissements refusent de généraliser les horodateurs. C'est tout à fait normal. Un élu essaye toujours d'avoir la gratuité des services pour ses administrés. Mais la réticence de ces présidents d'arrondissement est, à mon avis, un très mauvais choix. Il y a un projet de parking à Agdal, mais il ne peut être rentable que si toutes les rues avoisinantes sont effectivement contrôlées par la société.