Le maire de Rabat a plusieurs projets pour la capitale. Mais il a également de fervents opposants et pas des moindres. Faouzi Chaâbi du PPS et Driss Sentissi du MP lui tiennent, notamment, tête sur le grand dossier de la nouvelle décharge de la région Rabat-Salé-Témara. Balayant les reproches de ses adversaires politiques d'un revers de main, le président du Conseil de la ville de Rabat, le discret Omar Bahraoui, reste imperturbable : les projets programmés seront exécutés tels qu'ils ont été prévus dans le cahier des charges. La décharge d'Akreuch à Rabat existe depuis plus d'une vingtaine d'années. Maintenant qu'elle est complètement saturée, les autorités de la ville de Rabat ont décidé de construire une nouvelle , mieux contrôlée et donc avec des effets sur l'environnement moins désastreux, malgré, il faut le souligner, les efforts fournis, depuis un peu plus de sept ans, par l'actuelle société gestionnaire de la décharge. Le nouveau site se trouve à Oum Azza, une commune située à une quinzaine de kilomètres à l'est de la ville. Le terrain d'une superficie de 100 hectares appartient au domaine et à des propriétaires privés. L'Etat s'est chargé d'acquérir tout le site pour installer ce méga projet. "Nous avons mis plus de sept ans pour nous mettre d'accord sur le choix de l'emplacement que l'on pourrait qualifier d'idéal", souligne Omar Bahraoui, président MP du Conseil de la ville de Rabat. En tout cas, les appels d'offres ont été lancés et nous connaîtrons bientôt le nom de l'entreprise qui gèrera la nouvelle décharge. Mais Bahraoui n'est pas au bout de ses peines. Faouzi Chaâbi, président PPS de l'arrondissement de Youssoufia, ne voit pas les choses du même œil. Principal point d'achoppement, la construction d'un centre de transfert. Pour lui, ce centre, situé non loin de l'actuelle décharge à Akreuch, risque de faire doublon avec la nouvelle décharge d'Oum Azza. "Les infiltrations peuvent atteindre la nappe phréatique et causer d'énormes dégâts", estime-t-il. Pas question, rétorque Bahraoui: "Nous avons tout prévu pour que le centre de transfert passe inaperçu". En fait, Bahraoui refuse d'entamer des discussions avec les sociétés de collecte des ordures, déjà opérationnelles à Rabat (voir interview ci-contre). Aussi, le ministère des Habous aurait-il offert gracieusement à la ville de Rabat un terrain qui pourrait servir de centre de transfert et éviter ainsi le paiement de plusieurs millions de DH pour un terrain près d'Akreuch. Sur ce point, Bahraoui assure qu'aucun terrain n'a été offert à la capitale. "On nous a proposé d'utiliser un terrain qui nous appartient, situé au bord du fleuve Akreuch, et sur lequel nous comptons construire un parc d'attractions". Et d'ajouter: "je ne pouvais pas accepter cette proposition". De tous les élus de Rabat, Faouzi Chaâbi demeure de loin le président d'arrondissement le plus virulent à l'égard du maire de Rabat. Il le lui fait savoir. Les différends entre ces deux responsables sont nombreux et Chaâbi menace même de porter l'affaire devant le tribunal administratif. Par ailleurs, Bahraoui est également obligé de gérer le problème de Salé. Tout a commencé lors de la constitution d'un groupement de communes, l'interlocuteur unique pour la société gestionnaire de la décharge, et qui veillera au respect des dispositions du cahier des charges. Ce groupement sera constitué de représentants de Rabat, Salé, Témara, la commune d'Oum Azza et toutes les autres communes rurales avoisinantes. Le problème est que Bahraoui et Driss Sentissi, maire de Salé, ne se sont pas mis d'accord sur la composition de ce groupement, Rabat revendiquant 18 sièges sur les 41 que compte le groupement. L'appartenance au même parti politique (Sentissi étant, comme Bahraoui, issus du Mouvement populaire) n'a pas contribué à débloquer la situation. Bahraoui est on ne peut plus clair: "Si Salé ne veut pas de nos conditions, la décharge se fera sans elle". Bahraoui enfonce le clou en affirmant que "Salé pourrait être un handicap pour nous car elle n'a pas les moyens de payer". Autre dossier chaud, celui des horodateurs. En principe, l'installation des horodateurs du centre-ville de Rabat répondait à un impératif purement commercial: obliger les automobilistes à stationner dans l'enceinte du parking de Mamounia. Pour cela, des horodateurs étaient placés tout au tour du ce parking. Mais avec le temps, la société concessionnaire, Rabat-Parking (dont le capital est détenu à hauteur de 49% par la ville de Rabat), a eu la fâcheuse idée de généraliser les horodateurs sans pour autant construire les parkings. Bahraoui soutient ouvertement la société Rabat-Parking. Pour lui, les horodateurs doivent être généralisés dans toute la ville de Rabat. Et pour cela, il compte convaincre les présidents d'arrondissements réticents. Ce qui est une autre paire de manches.