Tous les moyens sont mis en œuvre pour renflouer le CIH. Un recouvrement intensif, des cessions multiples ainsi que des arrangements divers, sont autant de voies empruntées. L'expérience politique du nouveau P-dg Khalid Alioua sera mise à l'épreuve. Une solution finale est attendue pour cette année. Un traitement de choc est actuellement administré à la banque publique, le CIH. L'objectif est de renflouer, au maximum, le navire dans la perspective de faciliter la solution devant, définitivement, sauver l'ex-OFS. Il faut dire que la voie a été bien balisée devant Khalid Alioua, fraîchement nommé P-dg. Le fin politicien aura assurément à gérer plusieurs susceptibilités organisationnelles, laissant aux techniciens le traitement de fonds d'un dossier aussi épineux. Concrètement, plusieurs accords sont intervenus entre la banque et ses partenaires. Récemment, la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), qui détenait jusqu'alors une participation symbolique de 1% dans le Consortium maroco-koweitien de développement (CMKD), vient d'acquérir récemment quelque 54 000 actions auprès du CIH pour un montant non divulgué. Elle porte ainsi sa part à près de 10 % dans le holding dont les actifs touristiques sont incarnés par les hôtels portant l'enseigne Farah, installés à Casablanca, Safi, Khouribga, Rabat et Marrakech. En plus, le consortium dispose d'un large portefeuille financier et immobilier. Suite à cette transaction, le CIH encaisse une somme représentant, certes, une goûte dans le large océan des créances en souffrance de la banque, mais qui pourrait contribuer activement au recouvrement intensif. Dans ce sens, jeudi 1er juillet, deux conventions ont été signées entre le CIH, les quatre ERAC en question et le holding Al Omrane. La première convention a d'abord permis aux parties concernées de se mettre d'accord sur le montant de la dette. En effet, le CIH, en s'appuyant sur ses relevés, revendiquait initialement la somme de 1,02 milliard de DH. Les discussions auront permis en fin de compte de ramener ce chiffre à 800 millions de DH. Partant, les ERAC se sont engagés à verser une première tranche de 300 millions de DH, à la fin de juillet, la seconde, 500 millions, devant être remboursée en décembre 2004. Pour financer l'opération, objet de la seconde convention, les quatre ERAC concernés mettront 369 millions de DH dans leur poche. Le holding Al Omrane, pour sa part, s'occupera de mobiliser 356 millions de DH, notamment en appelant d'autres ERAC, même non concernés par l'opération, à contribuer à cet effort. Enfin, les 75 millions restants seront puisés dans le compte d'un fonds commun aux établissements sous tutelle. Sur un autre front, le tact politique de Khalid Alioua sera d'un grand secours. Il reste à trouver une solution définitive avec la SIMOS, bras immobilier du COS-ONE, redevable de plus de 670 millions de DH pour construire des logements. Par contre, le P-dg aura aussi à répondre à l'éternelle question : que faire du CIH ? À mi-parcours du plan de redressement entamé en 2000, devant prendre fin en 2007, les réalisations et, surtout, les difficultés qui restent à surmonter sont à évaluer. Vraisemblablement, malgré les avancées qui ont été réalisées en termes de réorganisation et de management, le CIH reste malheureusement très peu compétitif, par rapport au secteur bancaire, sur les taux d'intérêt des crédits au logement proposés à la clientèle. Ses lacunes endémiques sont identifiées. La cherté des ressources que lève la banque est réelle. En plus, doit-on attendre la fin du programme pour combler ces lacunes ou, au contraire, doit-on trancher tout de suite et arrêter l'hémorragie ? Quelle que soit la solution à retenir, la banque ne peut absolument plus évoluer toute seule. Céder le CIH ou plutôt l'adosser à une autre grande institution s'impose. La BCP a officiellement fait savoir son désintérêt pour la banque. Par conséquent, la seule solution envisageable est à chercher du côté de la CDG. Mais est-ce la vocation du premier institutionnel public ? À l'image des pratiques internationales, la réponse ne peut qu'être affirmative. A moins qu'une solution miracle portant sur la cession de l'entité après son redressement n'apparaisse, tout reste envisageable.