Les ménages à revenus variables devront encore patienter pour pouvoir accéder au crédit-logement. Les principales banques de la place hésitent à souscrire à ce programme jugé trop risqué. Moins de 1000 dossiers en une année. Mercredi dernier, à Rabat, une réunion tenue entre le Premier ministre, Driss Jettou, et les représentants des secteurs concernés par le secteur de l'habitat était consacrée à l'examen des propositions du CIH dans le cadre du Fogarim. Lancé il y a une année, ce programme d'accès au logement pour les citoyens pauvres et ceux à revenus variables présente un bilan mitigé. Pourtant, tous les moyens semblaient être mis en œuvre pour la réussite de ce projet. Pour rallier les banques du secteur privé, traditionnellement réfractaires à l'idée d'un «client à revenu variable », l'Etat avait mis en place un fonds de garantie de 200 millions de dirhams. Suivant le schéma retenu, les prêts étaient garantis à hauteur de 70% par la Caisse Centrale de Garantie (CCG) et à 30% par les banques. Bénéficiaire de ce programme, toute personne n'étant pas fonctionnaire, ni employée du secteur public ni salariée d'une entreprise publique affiliée à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Le candidat devait en plus de ces critères exercer une activité génératrice de ressources et ne pas être propriétaire d'un logement. Après une année d'existence, les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. A peine 1 000 dossiers ont été traités, alors que les différents partenaires s'attendaient à une ruée. Devant ce constat, une commission tripartite a été mise en place. Composée de la CCG, du CIH et de la BCP, cette instance avait pour mission de diagnostiquer les causes de cette «petite victoire ».Un chek up suivi de suggestions. Les deux banques étatiques devaient, chacune en ce qui la concerne, présenter un ensemble de mesures destinées à relancer la Fogarim. Dans ce cadre, après la réunion tenue avec le CIH mercredi, la Primature écoutera aussi dans quelques jours les doléances de la BCP. Une troisième instance devrait rejoindre le train en marche selon les vœux de la Primature et du ministère délégué à l'Habitat et à l'Urbanisme. Il s'agit des promoteurs immobiliers, lesquels sont très intéressés par la Fogarim. Au terme de ces différentes entrevues, une nouvelle formulation de la Fogarim verra le jour avec plus de souplesses. «Le challenge est important pour le Maroc», a déclaré Toufiq Hjira, ministre délégué à l'Habitat et à l'Urbanisme, faisant remarquer que le tiers de la population est exclu d'office du système bancaire. «Jusque-là la plupart des politiques d'habitat se sont attachés à créer l'offre. Il y a rarement eu une réflexion sur les moyens d'inciter la demande. C'est l'objectif de la Fogarim». «C'est bien de construire des immeubles, mais encore faut-il les vendre !» Le ministre exclut un quelconque refus des banquiers du secteur privé. «Le GPBM participe pleinement à ce programme». Les causes de l'échec sont donc ailleurs. Ce sera au diagnostic tiré des différentes remarques faites par les acteurs membres de la commission de le dire. En attendant, les propositions du CIH présentées au Premier ministre sont «globalement acceptables » d'après une source qui suit le dossier de près. Présent lors de la rencontre, le P-dg du CIH, Khalid Alioua, a indiqué que l'établissement qu'il dirrige soumettra d'importantes propositions afin de permettre l'accès au logement à une grande Frange de la population à revenu limité. Un réajustement des caisses de garantie du Crédit immobilier et hôtelier (CIH) est à attendre. Des différents fonds mis en place dans le cadre de l'accès au logement pour les revenus faibles, Fogarim a été l'un des rares à passer à la phase de concrétisation. La refonte concernera surtout les modalités d'accès pour des logements ne devant pas dépasser en principe les 200 000 dirhams. Dans les coulisses, il est question d'un réajustement à la baisse des mensualités. Pourvu, entre temps, que les sacro-saintes règles bancaires sur la solvabilité ne viennent gripper la machine.