Nos politiques semblent enfin avoir compris le poids que peut avoir une campagne de communication sur les réseaux sociaux. Quelques jours avant le début de la campagne électorale pour les Communales et régionales du 4 septembre prochain, Facebook proposait déjà aux Marocains de s'abonner aux pages officielles des candidats de plusieurs courants politiques. Ces campagnes de sponsoring en masse des pages Facebook ont naturellement provoqué une augmentation importante du nombre d'abonnés aux pages des personnalités politiques. A titre d'exemple, la page Facebook de Yasmina Baddou, du parti de l'Istiqlal, a connu une hausse de près de 400% du nombre d'abonnés pendant la semaine dernière, passant de 4.000 à plus de 20.000 followers. Les partis politiques comptent également sur une communication centralisée, autour de l'image de la formation elle-même. Sur ce volet, deux champions nationaux : le Parti de la justice et du développement (PJD) avec près de 450.000 abonnés et le Parti authenticité et modernité (PAM) avec presque 180.000 abonnés. «Nous sommes aujourd'hui 2èmes, mais nous avons l'ambition de décrocher la première place», nous confie Souhaila Rikki, porte-parole officielle de la campagne électorale du parti du tracteur. «Nous savons que Facebook est un outil essentiel pour s'adresser à un bon nombre de Marocains, surtout les jeunes», explique-t-elle. Un objectif plutôt ambitieux, face à un PJD connu pour son «armée digitale» redoutable. «Nous avons changé l'habillage de la page», nous déclare Souleimane Amrani, la tête pensante de la communication du PJD, en évoquant les changements relatifs à la campagne électorale. «Nous y postons des vidéos, des bannières ainsi que les bilans des communes gérées par le PJD et celui du gouvernement», ajoute-t-il. Les deux partis misent aussi largement sur leurs portails respectifs. Celui du PAM redirige depuis hier lundi, vers un site spécialement dédié aux élections. «Il est plus intuitif, et comprend les programmes de chacune des régions ainsi que les 20 engagements des candidats du parti», affirme Souhaila Rikki. Tandis que celui du PJD vient d'accueillir une Web radio, officiellement lancée par Abdel-Ilah Benkiran, secrétaire général du parti, dimanche dernier. «Elle sera diffusée 24h/24 et 7j/7 tout au long de la campagne et est essentiellement gérée par de jeunes bénévoles du parti», explique Souleimane Amrani. La volonté des partis politiques marocains, sinon de certains, d'être présents en force dans le monde du digital est bien réelle, nous menant ainsi vers une question essentielle: les réseaux sociaux peuvent-ils réellement influer sur les résultats des élections ? Une réponse en chiffres: aujourd'hui, le taux de pénétration d'Internet au Maroc est de 30%. Selon les données de l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), le nombre d'internautes marocains avoisine les 10 millions en 2015, après une hausse impressionnante de plus de 72% en 2014. Du côté des réseaux sociaux, Facebook bat tous les records. Selon la dernière édition de l'«Arab social media report», un Marocain sur quatre serait inscrit sur Facebook. Les adhésions au réseau social de Mark Zuckerberg ont augmenté de 13% entre janvier et mai 2014, soit 590.000 Marocains de plus en 5 mois, ce qui porte le taux de pénétration de Facebook à 21,7% au Maroc. Twitter, lui, est beaucoup moins populaire: son taux de pénétration n'est que de 0,2%, l'un des plus faibles dans le monde arabe. Le petit oiseau bleu maintient, cependant, sa réputation de réseau d'élite rassemblant l'essentiel des influenceurs du Web marocain. Globalement, les chiffres tendent vers une seule conclusion: le virtuel est une mine d'or en termes de marketing, encore peu exploitée par les partis politiques. D'autant plus que la communication digitale coûte très peu comparée à celle sur les médias traditionnels et n'implique quasiment aucune contrainte réglementaire.