Séville. Reclus depuis deux semaines dans une université de la ville, quelque 500 immigrés, en majorité maghrébins, ont observé une grève de la faim vendredi et samedi à quelques pas du sommet de l'UE. Décidée mercredi dernier, la grève de la faim observée pendant deux jours par les sans-papiers de l'Université sévillane Pablo de Olavide, entendait lancer un message fort : les projets de l'UE contre l'immigration clandestine, notamment la vision espagnole en la matière, risquent d'engendrer racisme et souffrances. Regroupés dans deux salles de sport universitaires situées à la périphérie de Séville, ces manifestants ont aussi voulu alerter les dirigeants européens sur les atteintes aux droits de l'homme dont souffrent selon eux un grand nombre d'entre eux sur le vieux continent. «Nous voulons envoyer un message au sommet. Ils devraient venir ici (...) et voir comment nous souffrons dans le monde réel», a expliqué Saïd, Algérien de 30 ans et co-organisateur de cette grève de 48 heures entamée vendredi. «Nous sommes des immigrés clandestins, mais nous avons aussi des droits», a-t-il ajouté. Les 500 immigrés, en grande majorité algériens et marocains, avaient tout d'abord décidé d'occuper les bâtiments universitaires pour appuyer leurs demandes d'autorisation de séjour en Espagne. La plupart étaient en effet venus en Espagne dans le cadre d'emplois saisonniers dans le sud. Certains d'entre eux, qui ont travaillé pendant plusieurs mois en tant qu'ouvriers agricoles dans le secteur de la fraise, se plaignent aujourd'hui d'avoir été jetés au profit de travailleurs issus d'Europe de l'Est. Le gouvernement espagnol, partisan d'une attitude ferme sur l'immigration, a déjà fait savoir que les grévistes de la faim ne feraient l'objet d'aucun traitement de faveur en ce qui concerne les délivrances de visas. A la demande de la direction de l'université, la police, elle, n'était, dimanche, pas encore intervenue.