Les décisions prises par les dirigeants européens lors du sommet de Séville en Espagne étaient très attendues par nombre de pays tiers que des liens solides de l'histoire, de la proximité géographique et d'échanges de tous ordres relient au vieux continent. Les décisions prises par les dirigeants européens lors du sommet de Séville en Espagne étaient très attendues par nombre de pays tiers que des liens solides de l'histoire, de la proximité géographique et d'échanges de tous ordres relient au vieux continent. La question de l'immigration a occupé l'essentiel des conciliabules et, elle dénote d'un état d'esprit qui risque de distendre davantage des relations assez contrariées et par maints aspects très tendues entre les deux rives de la Méditerranée. Il est vrai que les positions conjointes de la France et de la Suède lors de ces assises ont pu prévaloir face au rigorisme prôné par l'axe Madrid-Londres en matière de traitement mécanique et purement restrictif de la question de l'immigration extra-européenne. Grâce à la fermeté remarquable du président Jacques Chirac notamment, le projet de pénalisation des pays pourvoyeurs d'immigration n'a pas été retenu ; et toute éventuelle décision pan-européenne à l'avenir sur la question devra être prise à l'unanimité des pays membres de l'Union. Des décisions qui relativisent l'actuelle poussée de sentiments et de prises de position aux relents xénophobes et racistes dans un certain nombre de pays européens de plus en plus travaillés par la tentation de l'exclusion et de l'édification de citadelles chimériques fermés à l'autre, pour ce qu'il est et pour l'ensemble des dangers qui lui sont complaisamment et collectivement prêtés. L'Espagne est particulièrement en pointe actuellement dans ce combat d'arrière-garde. D'un côté, elle perpétue son occupation coloniale et illégitime de présides au Nord du Maroc en y multipliant les manœuvres visant à en dénaturaliser l'identité et la composition démographique, et d'un autre elle en fait la passerelle pour toutes sortes de trafics et d'activités informelles, y compris pour les filières de l'immigration clandestine, sous sa forme la plus dégradante et la plus inhumaine, lorsqu'elle bénéficie aux négriers des temps modernes dans les champs et pâturages de la péninsule ibérique. Se présentant comme le portier de l'Europe, l'Espagne bénéficie de subventions conséquentes pour «surveiller» les frontières sud du continent. La sécurité de l'Europe telle qu'elle est présentée par les dirigeants espagnols est posée uniquement en termes répressifs et dans un esprit de protéger la citadelle par des murailles et des barbelés. Or, chaque fois que la question de la sécurité en Méditerranée est posée dans les termes plus pertinents de co-développement, de maîtrise concertée des flux migratoires, d'encouragement de l'investissement dans les pays originaires de l'immigration, dans l'encouragement des mises à niveau des économies des pays du Sud, l'Espagne est inscrite aux abonnés absents. Plus grave encore, elle se réfugie le plus souvent dans des attitudes frileuses de chauvinisme étroit et de défense simpliste d'intérêts corporatistes et réducteurs. Dans ce sens, la promotion de nouvelles andalousies, comprises sous formes d'espaces exemplaires de coopération, de métissages mutuellement enrichissants et projections dans l'avenir, n'est malheureusement pas encore à l'ordre du jour de Madrid.