Après l'affaire de la jupe et l'avant-projet de code pénal, une nouvelle polémique se profile à l'horizon. Les membres de la commission parlementaire permanente à la Chambre des représentants, chargée des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des MRE, viennent d'adopter à la majorité le protocole facultatif de la Cedaw (Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes). De quoi mettre le Parti de la justice et du développement dans une situation embarrassante. L'adoption de ce protocole sera présentée comme une victoire pour les forces progressistes et le mouvement féministe au pays, alors que les partis conservateurs à l'instar du PJD sont plongés dans l'embarras. Rachid Slimani, député pjdiste membre de la commission des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des MRE, était le seul responsable du parti de la lampe à s'exprimer sur la question. Contactés par ALM, plusieurs dirigeants de la même formation n'ont pas souhaité commenter l'adoption en commission du protocole facultatif. De son côté, Slimani a confié au service de presse de son parti qu'en dépit de l'avancée que représente l'adoption du protocole en faveur de la femme, «certaines dispositions dans le même protocole sont contraires aux composantes de la civilisation et la religion musulmanes des Marocains». Le député a aussi regretté que le débat en commission avant le vote soit occulté par l'affaire des deux jeunes femmes d'Inzegane. «Certaines dispositions du protocole pourraient porter atteinte à la souveraineté du Royaume puisque des citoyens auront la possibilité de se plaindre directement auprès d'instances internationales qui auront à leur tour le pouvoir d'infliger des sanctions à notre pays», a-t-il ajouté. Le parlementaire faisait probablement référence à l'article 2 du protocole. Ce dernier dispose que «des communications peuvent être présentées par des particuliers ou groupes de particuliers ou au nom de particuliers ou groupes de particuliers relevant de la juridiction d'un Etat partie, qui affirment être victimes d'une violation par cet Etat partie d'un des droits énoncés dans la Convention. Une communication ne peut être présentée au nom de particuliers ou groupes de particuliers qu'avec leur consentement, à moins que l'auteur ne puisse justifier qu'il agit en leur nom sans un tel consentement». Après son adoption en commission, le protocole devrait être bientôt programmé en plénière pour son adoption définitive par la première Chambre parlementaire. D'ici là, un débat houleux risque d'avoir lieu sur le dossier. Alors que les dirigeants du PJD se montrent pour le moment plutôt réservés, c'est le MUR (Mouvement unicité et réforme), le bras idéologique du parti, qui montre une opposition farouche.