Second poumon du centre ville de Casablanca après le parc de la Ligue arabe et patrimoine non négligeable hérité du protectorat, l'incontournable jardin Murdoch ou plutôt parc Isesco est une réelle bouffée d'oxygène pour les Casablancais du voisinage. Situé entre le quartier des Habous et Mers Sultan, ce jardin est l'un des rares havres de paix et de sérénité où un Casablancais peut être en communion avec la nature. Depuis son réaménagement en 2006, le jardin a eu droit à un nouveau souffle. Ses 4 hectares de superficie ont retrouvé leur éclat d'antan. Familles, couples, étudiants, amis ont enfin eu droit à un espace de jeu, de méditation et d'échange ouvert à tous. Avec ses grands arbres, ses fleurs multicolores et ses aires de jeux, le jardin attire chaque jour des centaines de visiteurs.
Attention au délabrement ! Si les réaménagements ont donné un nouveau départ au parc, aujourd'hui le jardin est en train de retomber dans le chaos. «Nous sommes trois gardiens à se relayer, pendant la journée, pour assurer la sécurité et préserver les biens publics. Mais il faut dire que ce n'est pas suffisant. Alors que pendant la nuit nous fermons les accès au parc pour rentrer chez nous, de nombreux brigands sautent l'enclos pour se livrer à je ne sais quelles activités pas très saines à l'intérieur. Ils ont même réussi pendant une nuit à casser la porte pour se faciliter la tâche et depuis le parc reste ouvert même la nuit, ce qui permet à tous les clochards et délinquants d'y élire domicile», se plaint l'un des agents de sécurité du parc. Une situation plutôt inquiétante qui risque d'empirer si les autorités responsables ne réagissent pas.
Un visitorat particulier au mois de Ramadan L'ancien jardin Murdoch, actuellement parc Isesco, est particulièrement très fréquenté au cours du mois de Ramadan. Il faut dire que les longues journées ramadanesques laissent le temps a plus d'un pour profiter de cet espace. Ainsi, entre ceux qui s'allongent sur les bancs pour profiter d'un petit sommeil réparateur et ceux qui viennent pour y pratiquer des activités sportives, le parc ne désemplit pas. Beaucoup d'activités y sont possibles et occupent des plus âgés aux plus jeunes. Et c'est la catégorie des promeneurs qui compte le plus d'adeptes. Des grands-pères avec leurs petits-enfants, des jeunes qui discutent de foot et des amoureux qui rêvent d'avenir. Et puis, il y a ceux qui viennent passer le temps à observer inlassablement les passants. Enfin, on retrouve les cyclistes et les enfants en rollers et trottinettes. «Les grands vélos n'ont normalement pas le droit de circuler au sein du parc, mais on est plus indulgents lorsque le jardin n'est pas très rempli», confie à ALM un agent de sécurité dans le parc. Par ailleurs, bien que l'aire de jeux réservée aux enfants ait pris un sérieux coup de vieux manquant de tout et dénué de ses artifices, les rares attractions qui tiennent encore debout ont beaucoup de succès. Ainsi, tous peuvent s'adonner à leurs hobbies et profiter de leur temps libre dans un espace adapté. La part belle aux sportifs Pendant le mois de Ramadan et tout au long de l'année, le jardin Murdoch est la destination de tout sportif en quête d'espace d'entraînement. Tant et si bien que des groupes de jeunes sont devenus des habitués de cet espace. Bien organisés, ils se sont même transformés en attraction pour les visiteurs. Il faut dire qu'en utilisant les structures métalliques des parcs à grimper réservés normalement aux enfants, ils arrivent à faire de prouesses physiques d'impressionnantes . «Ces jeunes avaient installé quelques équipements sportifs pour mieux s'entrainer ensemble. Mais depuis que la porte du parc a été cassée, leurs équipements ont été pillés pendant une nuit. C'est malheureux mais c'est comme ça que ça se passe ici. Certains arrangent et d'autres cassent», explique l'agent de sécurité. Et ils ne sont pas les seuls à se rendre au parc Isesco pour le sport. Il y a aussi les footballeurs. Ceux-là organisent même des tournois de foot «clandestins» au sein du parc. «Les gardiens nous empêchent de jouer au foot ici. Mais faute d'espace adapté dans cette ville, on s'entête et on essaye d'échapper à leur vigilance», confie un jeune fidèle du jardin Murdoch. Et enfin, il y a ceux qui viennent par dizaines pour leur footing quotidien. Autant de personnes en mal d'espaces adaptés pour faire du sport loin des clubs qui restent hors de la portée des nombreuses bourses. Un phénomène à étudier de près…