En gardant Ali Benflis et les mêmes titulaires aux postes clés du nouvel exécutif, le président Bouteflika compte sortir le pays de l'impasse malgré le désaveu des récentes législatives et la poursuite des émeutes. Si l'on savait dès le lendemain des élections législatives du 30 mai que Ali Benflis restait à la tête du gouvernement, le maintien des principaux ministres, comme Yazid Zerhouni à l'Intérieur (très critiqué sur le dossier kabyle) et Abdelaziz Belkhadem, à la diplomatie, peut paraître une surprise. Certes le vainqueur du scrutin législatif, le Front national de libération, a respecté ses promesses de modernisation et d'ouverture en intégrant cinq femmes – dont la militante des droits de la femme Khalida Toumi-Messaoudi, au portefeuille de la Communication et de la Culture – dans l'exécutif. Mais le FLN, avec 199 sièges sur 389 dans la nouvelle assemblée, a semble-t-il ignoré la crise installée dans le pays depuis des mois. Avec cette politique du «on prend les mêmes et on recommence», comment les autorités algériennes comptent-elles convaincre la population (qui s'est abstenue de voter à 54 %) de leur volonté de changement ? L'éditorialiste du Matin commentait mardi que cette nouvelle composition est «un aveu d'échec en même temps d'impuissance d'un Pouvoir qui n'a rien de neuf à proposer pour une Algérie qui veut s'en défaire». Et Rachid Mokhtari d'insister sur «l'incompétence génétique des dirigeants». En continuant d'étouffer la protestation par la répression, les autorités algériennes n'ont d'ailleurs rien apporté de nouveau depuis le 30 mai. Les émeutes ont redoublé dans de nombreuses communes, telles que Bordj Bou Arréridj, Bordj Ghedir et Chlef. Exacerbée en Kabylie, l'explosion sociale touche toutes les régions et tous les secteurs, à l'image des enseignants qui ont organisé des sit-in cette semaine.