Deux mois après sa prise de fonction, Anissa Temsamani, secrétaire d'Etat belge au Travail, a présenté sa démission jeudi au Roi Albert II. Celle qui était devenue la première ministre non-européenne à faire partie d'un gouvernement belge, avait accordé un entretien à ALM à Namur, samedi 20 septembre, à l'occasion des fêtes de la Wallonie. ALM : Quel sentiment suscite en vous de voir le Maroc invité d'honneur au 80ème fête de la Wallonie ? Anissa Temsamani : Ca me fait très plaisir parce que, personnellement, c'est la première fois que j'assiste à ce genre d'événement. Voir le Maroc, mon pays d'origine, invité d'honneur au 80ème fête de la Wallonie m'a vraiment réchauffé le cœur. Je crois qu'une relation avec le Maroc est très importante pour la Belgique en général et la Wallonie en particulier, d'autant plus qu'il y a une grande population d'origine marocaine qui vit dans ce pays européen et qui a aussi besoin de retisser les liens avec son pays d'origine. A votre avis, quel impact ce genre de manifestation pourrait-il avoir sur cette communauté marocaine installée en Belgique ? L'impact pourrait être très important, essentiellement sur les relations entre les deux pays. Je viens de m'entretenir avec le ministre-président de la région flamande où beaucoup de problèmes se présentent avec les jeunes issus de l'immigration. Je lui ai proposé d'aller voir comment les choses se passent au Maroc. Je crois que de cette manière, les rapports entre les deux peuples ne peuvent que s'intensifier. Vous savez, le Maroc est d'abord connu en Belgique à travers la communauté marocaine qui s'y est installée, et qui est fortement impliquée dans la vie politique, économique, sociale, culturelle et sportive. Voir l'autre visage de ce pays, représenté par les Marocains du Maroc est très enrichissant. D'un autre côté, plusieurs sociétés belges sont installées au Maroc et peuvent donc contribuer au développement économique du pays. La communauté marocaine en Belgique est très importante, mais sa vie au quotidien est loin d'être facile. Quels sont les problèmes qu'elle rencontre ? Les problèmes que les Marocains de Belgique vivent sont pour la plupart d'ordre social. Il s'agit de problèmes d'emploi, de scolarité, de logement. A ce sujet, j'estime que l'éducation des jeunes générations est fondamentale. Avoir la possibilité de faire des études et, bien sûr, déboucher sur un emploi durable ne devrait pas être un luxe, mais un droit que toute personne résidente en Belgique devrait être en mesure d'exercer. J'estime que c'est l'une des priorités à l'heure actuelle. Vous avez fait votre entrée au gouvernement belge fédéral il y a quelques mois. Que pensez-vous apporter à cette communauté marocaine installée en Belgique ? Le 12 juillet dernier, j'ai été désignée par le Premier ministre Guy Verhofstadt au poste de secrétaire d'Etat à l'organisation du travail et au bien-être au travail. Ainsi, je suis devenue, officiellement le 14 juillet 2003, la première membre d'un gouvernement belge (fédéral, régional ou communautaire) d'origine non-européenne. C'était une preuve tangible du degré d'intégration de la communauté marocaine dans la vie publique belge. Comme je suis en charge de l'organisation du travail, mon objectif est d'agrandir la représentativité des jeunes issus de l'immigration dans les administrations publiques. C'est un grand défi pour moi et pour le gouvernement belge. Nous visons à montrer aux entreprises belges qu'employer ces jeunes d'origine étrangère est une source d'enrichissement et non un problème.