Fès. Le mokaddem, sur ordre du pacha, a joué un grand rôle pour convaincre les candidats et les mener en bateau dans l'affaire des 30.000 emplois fictifs. Mohamed. B âgé de 28 ans. Licencié en droit, originaire de la campagne de la région de Fès, sans profession, issu d'une famille très pauvre de huit membres dont le père est un petit fellah. M.B raconte comment il a été mené en bateau dans cette affaire des emplois virtuels. «J'aidais mon père dans les moissons du blé tendre lorsque je fus appelé par le Mokadam qui m'a appris qu'il m'a inscrit sur la liste, sur ordre du Pacha du cercle, et que je dois me rendre à Fès à l'ANAPEC pour avoir le récépissé qui me permettra d'aller passer une visite médicale dans une clinique privée à Casablanca. Je lui ai répondu que j'ai entendu parler de bateaux touristiques, des E.A.U, de 30.000 embauches mais que je ne suis pas intéressé puisque tout ce remue ménage me paraissait flou». Le Mokaddem répliqua. «oh, j'ai fait mon devoir et le nécessaire mais il me paraît que tu as intérêt à partir pour t'inscrire». Les victimes comme Mohamed sont légion dans la région de Fès et partout à travers le territoire national. Mercredi, dernier délai pour la fameuse signature du contrat fictif, une longue file devant le bureau de l'ANAPEC. L'inquiétude apparaît clairement sur le visage des candidats qui soulignent qu'ils ne lâcheront pas du lest et que le gouvernement doit assumer ses responsabilités dans cette affaire grandiose. «C'est le ministre de l'emploi qui s'est adressé à 100.000 jeunes à travers la chaîne de télévision pour les convaincre de s'inscrire», lance, un jeune candidat du fond de la foule, avant d'ajouter que «effectivement l'espoir qui était installé au début ne l'est plus maintenant. La presse, notamment votre journal a dévoilé beaucoup de choses que nous voyons logique». Et de préciser par l'interrogation. «Nous avons le ministre et la presse, si le ministre se révèle un menteur sur le peuple. Alors ça c'est grave. Très grave. Et rapporter aux lecteurs que si ces candidats arnaqués deviendront demain des kamikazes, il n'y a pas de quoi s'étonner. Ca va finir très mal, ni pour cette agence, ni pour la clinique ni pour le ministre qui rassure sur les écrans de télévision». A souligner que vers la fin de la journée, les candidats ont pris d'assaut le siège de l'agence de l'ANAPEC en procédant à la casse des vitres. • Lahcen Meddas Correspondance régionale