Dur réveil que pour Front national. Malgré ses ambitions, le parti de Le Pen ne sera ni arbitre ni remplaçant dans l'affrontement gauche-droite dimanche prochain. Le Front national a bel et bien échoué à s'imposer en arbitre entre les deux camps traditionnels lors du second des législatives. Le parti de Jean-Marie Le Pen a d'ailleurs déjà décidé de reporter ses espoirs de revanche aux prochaines élections, régionales et européennes, de 2004. Ce qui ne veut pas dire que la présence de députés FN dans la future Assemblée est une option à totalement écarter. Le parti est en effet en mesure de se maintenir dans 37 circonscriptions. Autrement dit, il devrait participer à 10 triangulaires gauche/droite/extrême droite, à 19 duels droite/extrême droite, et à 8 duels gauche/extrême droite. «Les Français ont des capacités de réaction étonnantes et ils ont encore la possibilité d'envoyer plusieurs députés du Front à l'Assemblée», a même déclaré Marine Le Pen, fille du leader FN, présente au second tour dans le Pas-de-Calais. Lundi, le président a réuni une quarantaine de ses proches dans son QG de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), pour tenter d'inverser la tendance. Un pari difficile car le parti se retrouve avec seulement 11,3 % de voix, une situation comparable à celle de 1993, où, avec 12,5 %, il n'avait obtenu aucun élu. Même en 1997, lorsque le FN avait réussi à maintenir 131 candidats, il n'avait eu aucun député. Les principales têtes du parti, qui espéraient profiter de la «bombe Le Pen», attribuent d'ores et déjà cet échec à l'abstention. «Les Français ne votent que lorsque leurs voix comptent. Or on leur a tellement répété que, même s'ils votaient, ils n'auraient pas de députés Front national, et bien ils se sont abstenus de voter», a ainsi déclaré lundi Marine Le Pen. Il faut dire que l'extrême droite a de quoi pâlir : elle a reculé de façon très nette dans ses bastions, comme les Alpes-Maritimes, et n'est pas parvenu à créer la surprise ailleurs, comme au Pas-de-Calais qui reste fidèle au PS, ou les Pyrénées-Orientales. Jean-Marie Le Pen pourra au moins savourer l'élimination-humiliation de son ancien second Bruno Mégret. Le président du Mouvement national républicain (MNR) depuis 1998, a été battu dans la 12ème circonscription des Bouches-du-Rhône, et a prédit que les Français allaient «se réveiller avec la gueule de bois» et «être gravement déçus par la droite».