Le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, a estimé que les propos du juge Garzon ont été mal interprétés. Pour lui, les éléments les plus dangereux que la Justice marocaine recherche toujours sont au nombre de deux, et ils se trouvent en dehors du pays. ALM : Que pensez-vous des déclarations du juge espagnol, Baltasar Garzon, au sujet de l'existence au Maroc de 1.000 terroristes ? Mohamed Bouzoubaâ : Je tiens à préciser que ces déclarations ont été démenties par le magistrat lui-même. En fait, les propos du juge Garzon ont été mal interprétés par les journalistes qui ont relayé l'information. Ils ont compris que 1.000 terroristes sont toujours recherchés par les autorités marocaines. Or, la réalité est complètement différente. Il y a eu au Maroc, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, 2.000 poursuites devant la justice. 1.000 personnes ont été condamnées et incarcérées. Ces dernières ne sont pas toutes des kamikazes. Il s'agit essentiellement de membres des cellules de la Salafiya Jihadiya. Combien de terroristes marocains sont toujours recherchés ? Aujourd'hui, la Justice marocaine ne recherche plus que deux éléments dangereux. Nous sommes sûrs que ces deux individus ont quitté le Maroc. Nous soupçonnons même qu'ils soient morts dans l'explosion survenu dans un appartement dans un quartier de Madrid où plusieurs terroristes étaient retranchés. Mais en tout cas, ils ne sont plus au Maroc. C'est une preuve que la situation sécuritaire au Maroc est parfaitement maîtrisée. Il n'y a donc aucune raison de dramatiser. En somme, vous estimez qu'il n'y a pas de mauvaise foi dans les déclarations du juge Garzon ? Effectivement, je ne pense pas qu'il y ait une quelconque volonté de la part du magistrat Garzon de nuire à l'image de marque de notre pays. D'ailleurs, il s'est lui-même rendu au Maroc, la semaine dernière, pour assister à l'exécution d'une commission rogatoire. Il a assisté à l'interrogatoire de quelques éléments déjà condamnés en rapport avec le dossier de Casablanca et parmi eux le Français Pierre Robert. Garzon a également pris connaissance de quelques dossiers qui pourraient éventuellement être en rapport avec les attentats du 11 mars. La Justice marocaine dispose-t-elle de dossiers en rapport avec les attentats du 11 mars ? Sur ce point, je tiens à préciser que nous n'avons aucune certitude que les dossiers examinés par le juge Garzon, lors de sa visite au Maroc, ont un rapport direct avec les attentats du 11 mars. Ce ne sont, j'insiste, que de simples suppositions. Toutefois, parmi les personnes arrêtées en Espagne, au lendemain du 11 mars, certaines avaient fait l'objet de demandes d'extradition, formulées par les autorités marocaines, et ce avant les évènements du 11 mars. Dans quel cadre s'inscrit la visite effectuée par le juge Garzon au Maroc ? Cette visite s'inscrit dans le cadre de la convention maroco-espagnole qui donne la possibilité aux magistrats d'un pays de demander à un juge de l'autre pays de procéder, en son nom, à des mesures d'instruction ou à d'autres actes judiciaires. Et s'il le désire, le juge demandeur peut assister à l'exécution de cette commission. C'est ce que le magistrat Garzon a fait. Mais la commission rogatoire a été totalement exécutée par un juge d'instruction marocain. Quelles furent, à votre connaissance, les impressions du juge Garzon à l'issue de cette visite ? Ses impressions étaient très positives. Il a constaté que le Maroc a fait d'énormes efforts dans la lutte contre le terrorisme. Et que notre pays prend au sérieux la collaboration judiciaire avec l'Espagne. Est-ce qu'un magistrat marocain s'est rendu en Espagne dans le cadre de l'exécution d'une commission rogatoire ? Jusqu'à présent, non. Nous avons demandé l'exécution de plusieurs commissions rogatoires, mais les juges d'instructions marocains n'ont pas souhaité assister à leur exécution. Car je vous le rappelle, leur présence est facultative.