Les relations qui caractérisent l'Inde et le Pakistan sont particulièrement complexes. Au point de s'y perdre entre les menaces de guerre, les appels à l'accalmie et les balbutiements diplomatiques. Dernières déclarations. Mercredi, les rapports entre New Delhi et Islamabad faisaient un nouveau pas vers la paix avec la proposition du premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee d'organiser une surveillance conjointe avec son voisin et rival le long de la frontière du Cachemire. Avant de partir d'Almaty (Kazakhstan) où étaient réunis mardi 16 pays asiatiques sur la question de la sécurité, le responsable indien a en effet souligné que son pays et le Pakistan devaient travailler ensemble pour s'assurer que les militants islamistes ne traversent pas la frontière afin d'attaquer les troupes indiennes. M. Vajpayee a ainsi clairement fait savoir qu'il préférait collaborer avec son voisin plutôt que de voir la Grande-Bretagne et les Etats-Unis débarquer dans la région. Les deux Etats occidentaux comptaient en effet offrir leurs services pour assurer la surveillance le long de la ligne de contrôle. Et c'est le président pakistanais qui le leur avait suggéré la veille en déclarant que l'Inde ne devait pas être « à la fois juge et partie ». Conscient de l'intérêt que Washington peut porter à la région, Pervez Musharraf a plusieurs fois réclamé une intervention étrangère dans le conflit qui l'oppose à New Delhi, ce dernier y étant totalement réfractaire. Ces nouvelles déclarations viennent en tout cas apporter un nouveau signe d'apaisement, même si la Russie n'a pas réussi à amener les deux parties à la table des négociations lors de leur présence commune à Almaty, mardi. Selon Vladimir Poutine, qui a rencontré les deux responsables séparément, l'idée progresserait cependant. «Les deux dirigeants se disent intéressés à se rencontrer, même s'ils ne sont pas d'accord sur les conditions » avait indiqué le président russe mardi affirmant qu'ils ont «tous deux souligné qu'ils n'entendaient pas user de la force pour résoudre leurs problèmes». Si l'Inde semble être militairement supérieure à son adversaire, le jeu d'usure psychologique et de surenchère verbale auquel se livrent les deux voisins, les place sur un pied d'égalité. Mercredi, c'était d'ailleurs au Pakistan de déclarer qu'il se gardait le droit d'utiliser l'arme atomique, «car l'armée et l'aviation indienne sont cinq fois plus nombreuses et en cas d'urgence, c'est notre survie qui pourrait être en jeu». Ces propos de l'envoyé spécial du général Musharraf en Europe viennent entretenir un suspense latent depuis des années, et accentué depuis décembre dernier. Sur le terrain, une certaine accalmie a cependant été constatée. Des tirs de faible intensité pouvaient encore être entendus mercredi dans le secteur de Samahni, dans le sud du Cachemire sous contrôle pakistanais, et à Khuiratta, dans le district de Kotli. Aucun bombardement n'a toutefois été perçu dans les districts de Bagh, Poonch et Muzaffarabad, selon la police pakistanaise. Des sources indiennes faisaient quant à elles état, pour la première fois depuis décembre, de tirs entre véhicules blindés postés de part et d'autre de la ligne de contrôle. Après l'échec des pourparlers organisés la veille à Almaty, le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a pour sa part déploré mercredi que l'Inde et le Pakistan aient manqué une occasion de faire baisser la tension en Asie du Sud. A suivre.