Malgré une timide accalmie amorcée à travers des appels au dialogue et des médiations diplomatiques, l'Inde et le Pakistan continuent de se menacer réciproquement sur le terrain. Le Président pakistanais Musharraf avait accusé mardi le Premier ministre indien Vajpayee de « marcher sur la corde raide » dans la crise qui envenime les relations des deux voisins au Cachemire. Dans son discours devant le Parlement de Muzaffarabad (Cachemire sous contrôle pakistanais), le général a même averti l'Inde que si elle déclenchait une guerre, le Pakistan se défendrait « avec tous les moyens dont il dispose ». Cette nouvelle provocation verbale faisait suite au refus par New Delhi de revenir à la table des négociations. Le Premier ministre indien Vajpayee avait en effet signifié son rejet vendredi dernier faisant valoir que ce dialogue s'était prouvé totalement futile par le passé. « Ils (les Pakistanais) continuent de dire que les dirigeants des deux pays doivent se rencontrer. Mais pourquoi? Est-ce que nous nous réunissons pour parler du temps qu'il fait ? » avait alors déclaré le chef du gouvernement, faisant illusion à la visite qu'il avait effectuée en 1999 à Lahore au Pakistan, où il avait fait un geste pour la paix. Son voyage avait à l'époque été suivi par l'entrée clandestine au Cachemire indien d'éléments séparatistes armés, incident qui avait mis les deux pays au bord de la guerre, dans la région de Kargil. « Au lieu de marcher sur la corde raide, le premier ministre Vajpayee devrait accepter mon offre de dialogue » réitérait pourtant ce mardi le dirigeant pakistanais. Au même moment, son ministre des affaires étrangères, Abdul Sattar faisait appel à une intervention de la communauté internationale, « la clé », selon lui, pour mettre fin au conflit. Un conflit qui reste d'actualité sur le terrain avec, hier, de nouveaux affrontements dans la région cachemirie. L'armée indienne a ainsi annoncé avoir tué cinq rebelles non identifiés au cours d'un échange de tirs près de Lolab, dans le district de Kupwara, à 87 km au nord-ouest de Srinagar, la capitale d'été de l'Etat du Jammu-et-Cachermire (indien). L'Inde, qui contrôle 45 % du territoire, continue ainsi d'accuser le Pakistan d'armer et d'entraîner des séparatistes cachemiris. Ce que dément toujours Islamabad. Le président pakistanais s'était d'ailleurs engagé le mois dernier à faire en sorte que son pays ne soit pas utilisé comme base pour des actions terroristes contre l'Inde. Dimanche, d'autres échanges de tirs avaient aussi entraîné la mort de treize rebelles musulmans et deux soldats indiens dans la même zone. Parmi les victimes, figuraient deux membres du mouvement pro-pakistanais Hizbul Mudjahidine. Depuis l'attentat du 13 décembre dernier contre le Parlement indien, que New Delhi a attribué à deux groupes extrémistes basés au Pakistan, les deux pays ont déployé quelque 800.000 hommes sur leur frontière. Et ils sont toujours en poste…