Combien gagnent-ils lorsqu'ils évoluent au Maroc et à l'étranger ? Les stars nationales du ballon rond les mieux payées. Celles qui ont réussi à se lancer dans les affaires… Le foot-business n'est pas marocain. L'international marocain Talal El Karkouri jouera la saison prochaine à Charlton, en première division anglaise. Le contrat de l'ancien rajaoui s'étend sur trois années. Arrivant en fin de contrat avec son club actuel, le Paris Saint-Germain, le joueur a choisi la Premier League, dans laquelle il a joué au sein du club de Sunderland. Un prêt d'une saison environ. Le Marocain est donc tombé amoureux du style de jeu anglais. Mais ce n'est pas tout. Le défenseur de l'équipe nationale y gagnera bien sa vie. Il touchera près de 90% du montant de son transfert (1,5 million d'euros), son contrat avec le club parisien étant arrivé à terme. Pour ce qui est du salaire, perçu à la fin de chaque semaine en Angleterre, il n'a pas été divulgué. Au Paris Saint-Germain déjà, le joueur marocain touchait la somme de 33.000 euros par mois. Une chose est sûre, à Charlton, la barre de 50.000 euros a été dépassée. Un salaire qui place El Karkouri en seconde position des footballeurs marocains les mieux rémunérés, derrière Noureddine naybet, capitaine des Lions de l'Atlas et sociétaire du Deportivo La Corogne. L'ancien wydadi toucherait mensuellement la bagatelle de 80.000 euros. Une somme qui atteint les 300.000 euros en comptant les primes de résultat ou de sponsoring. « Les pros marocains évoluant en Europe sont très bien payés, qu'ils soient issus des centres de formation de leurs clubs ou transférés d'autres clubs. Mais il ne faut pas oublier qu'ils payent leurs impôts à l'instar des joueurs locaux, professionnalisme oblige», précise un manager marocain. Le championnat le plus taxé demeure la Bundesliga alors que les joueurs évoluant à Monaco bénéficient des avantages de ce paradis fiscal. Au Maroc, c'est tout une autre histoire. L'amateurisme dans lequel patauge le football marocain caractérise de plein fouet le mode de rémunération des joueurs évoluant en championnat national. «Les salaires des Naybet et compagnie n'ont rien à voir avec ce que les joueurs locaux touchent. Prenez l'ensemble du championnat national, première et deuxième divisions, vous trouverez que le plus grand salaire ne dépasse guère les 10.000 DH», explique Hammadi Hamiddouch, ancien joueur et entraîneur national. En effet, dans l'un des plus grands clubs du championnat national, le Raja en l'occurrence, les salaires varient entre 2500 DH et 7500 DH. Le plus grand salaire perçu par un joueur marocain est celui du capitaine de l'équipe, Mustapha Chadli alors que le Nigérian Moussa Souleimane perçoit un salaire de 12.000 DH. Les critères qui entrent en considération pour fixer le salaire d'un joueur sont la régularité, la titularisation et le rendement de son jeu. Des critères qui demeurent toutefois non respectés. Le jeune Marouane Zemmama, évoluant au sein des juniors et dont le style de jeu a séduit l'entraîneur Henri Michel qui lui ouvert les portes de la formation A, a pendant longtemps touché la rémunération d'un junior, soit quelque 1000 DH. Le mythe du joueur qui perçoit son pesant en or tombe donc en miettes. Avec des salaires aussi bas, les footballeurs nationaux n'ont qu'une seule issue, les primes de signature et de matches. Les premières sont versées au début de chaque saison. Leur montant diffère d'un joueur à l'autre. Celles du buteur du championnat durant deux années successives, Mustapha Bidodane, avoisinent les 200.000 DH. Le transfert de cet attaquant du FUS au Raja, d'un montant d'un million 200.000 DH, avait fait sensation il y a une année et demi. Sur cette somme, le joueur avait touché 300.000 DH. Pour ce qui est des primes de résultats, elle est fixée en début de saison par le bureau dirigeant en négociation avec les joueurs. Au Raja, elle est de l'ordre de 3000 Dh en cas de victoire à domicile, de 4000 DH en cas de victoire à l'extérieur et de 2000 Dh en cas de match nul. Pour les rencontres importantes (derby, finale de la coupe du Trône ou coupes africaines), elle dépasse en général les 10.000 DH par joueur. Au Wydad, la situation est presque identique. Chez les Rouge et Blanc, les plus grands salaires étant perçus par les professionnels étrangers, africains notamment. La situation dans d'autres équipes, même de première division, mais qui souffrent de difficultés financières est pire. Les salaires sont non seulement insignifiants, mais ils sont versés très en retard tout au long de la saison. Il est très fréquent de voir toute une formation, faire grève parce que l'ensemble des joueurs n'a pas été payés pendant plus d'un trimestre, soit le tiers d'une saison. Les rares équipes qui ont réussi un parrainage avec une société ou un organisme étatique ont cependant réussi à garantir un minimum vital à leurs joueurs. C'est le cas du Raja avec l'ODEP, du WAC avec la Banque Populaire ou des FAR, qui, pendant longtemps, ont recruté dans les rangs des Forces Armées Royales ou ont offert à leur joueurs des postes de militaires, en Gendarmerie royale essentiellement. Pour fuir cette réalité, les footballeurs marocains n'hésitent pas à plier bagage. Ceux qui réussissent à décrocher un contrat en Europe sont les plus chanceux, mais ils sont de moins en moins nombreux. Les autres choisissent une autre destination, celle des pays du Golfe. Là aussi, les préjugés sont faux. Un joueur marocain touche entre 1500 et 5000 dollars par mois, en plus des quelques avantages, voiture et logement notamment. Pas de quoi faire rêver.